Cahiers d’anthropologie sociale : Montrer/ Occulter

Les élégants Cahiers d’anthropologie sociale dirigés par Philippe Descola paraissent annuellement aux éditions de l’Herne. Plus qu’une revue, il s’agit d’un Year book dans lequel sont publiés les fruits des journées d’études et des séminaires du Laboratoire d’anthropologie sociale (LAS), unité mixte du Collège de France, de l’EHESS et du CNRS. Sous la houlette de Perig Pitrou et Guilhem Olivier, la livraison 2015 des Cahiers d’anthropologie sociale propose d’explorer « les situations dans lesquelles une tension dynamique entre montrer et occulter est mobilisée pour transformer l’apparence des objets ou changer le regard de ceux qui les observent ». Issues d’un colloque tenu au musée du Quai Branly en mars 2011, les contributions étudient diverses facettes de cette opposition opératoire entre occultation et monstration. Le monde amérindien est largement représenté à travers les études de Perig Pitrou, Guilhem Olivier, Johannes Neurath et Patrick Pérez. Carlos Mondragon s’intéresse pour à la cohabitation entre société des morts et sociétés des vivants dans les îles Torres au Nord de Vanuatu. Pierre-Olivier Dittmar développe l’idée d’un pacte de « visibilité » sous-tendant les rituels du christianisme médiéval européen. Stéphane Dugast analyse enfin le rapport entre occultation et exhibition tel qu’il s’exprime chez les Bwaba du Burkina Faso où les rituels de divination et rituels masqués sont étroitement liés. L’introduction de Jacques Galinier présente une vue générale de l’ensemble rassemblé. Il aurait pu être utile d’ajouter un article offrant une vision globale de la passionnante – et classique – question du pouvoir des images rituelles et des conditions de leur visibilité. Mais cela n’ôte rien à la qualité de ce Cahier d’anthropologie sociale qui apporte de riches éclairages issus d’enquêtes ethnographiques.

 

François Bordes