La revue, la nuit

 

Depuis des lustres, pour les revues, et pas seulement françaises loin de là,  Paris possède le pouvoir d’un aimant irrésistible. Sans doute pourrait-on écrire l’histoire culturelle de la capitale en reconstituant l’aventure des centaines revues qui l’ont portée. En revanche, Paris est-elle la plus aimante des villes à l’égard des revues ? Jouant cette carte maîtresse (rendre un peu aux revues ce qu’elles ont apporté à la ville), nous avons demandé à la Direction régionale des affaires culturelles de Paris quelques sous pour l’organisation du Salon de la revue. Rien de mirobolant mais quelque chose qui permette de colmater les brèches qui, de toute part, se font jour. Peu d’illusion certes : nous n’avions frappé à aucun bureau, nous ne connaissions personne… Mais bon, le binôme Paris/Revue (The Paris Review) pouvait se révéler suffisant pour emporter l’adhésion. Non : par une lettre du 7 juillet, Marie-Noëlle Villedieu, Chef du bureau des bibliothèques et de la lecture nous signifiait en peu de mots « qu’il n’a pas été possible de réserver une suite favorable à votre demande.» Je me dis, après coup, que pour accompagner notre dossier, j’aurais peut-être dû demander un rendez-vous à Bruno Julliard, l’adjoint à la culture, élu de mon arrondissement (le 13e) et puis à la lecture du long déroulé de ses attributions : culture, patrimoine, métiers culturels et la « nuit », je me convaincs, en ces guillemets délicieux, qu’il n’eût guère été judicieux de lui vanter Les Soirées de Paris (qui ne tombent pas à la bonne heure). L’année prochaine promis,  on fera du spectacle vivant une nuit entière sur fond de revues mortes en vitrine. Pour sûr, on aura rempli toutes les cases : imparable.

 

André Chabin