Alfil

par Fulvio Caccio
1989, in La Revue des revues no 7

Quoiqu’en dise son nom, Alfil (« fou » en espagnol), la jeune revue de l’Institut français d’Amérique latine du Mexique est classique par son esprit et sa forme. La première de couverture annonce sobrement et dans la couleur de circonstance les grands disparus dont on célébrera la mémoire : Yourcenar, Char, Ponge. Hommage qui permet toutefois aux rédacteurs de prendre la mesure des rapports qui existent aujourd’hui entre tradition et modernité. Cela donne lieu à des articles limpides et de belle tenue qui éclairent certains aspects de l’oeuvre de ces contemporains si classiquement différents. On ne pouvait attendre moins de cette revue institutionnelle dont le nom est l’anagramme d’IFAL, sigle de l’Institut français.
D’entrée de jeu l’éditorial du directeur, Louis Panabière, s’interroge sur le rôle des revues dans notre culture de masse pour mieux le circonscrire en tant que « lieu de la communication vraie, mémoire de la présence commune et de la rencontre ». « Sur l’échiquier, poursuit-il, le Fou se déplace en diagonale : cette métaphore désigne la Revue comme moyen d’entrer de biais dans le jeu des échanges culturels entre la France et le Mexique ».
Dans cet esprit de communication partagée, chaque article est flanqué d’un résumé substantiel dans l’autre langue. Toutefois les textes en espagnol demeurent marginaux – 13% des 55 pages de la revue – et leurs thèmes presque invariablement francophiles. Notons un récit superbe de J.-M. Le Clézio ainsi qu’une entrevue avec Serge Daney sur le cinéma et le temps. Au coeur de la revue, on trouve le supplément « Informaciones Practicas » de l’Institut. Ce trimestriel au format 20 par 27 cm gagnerait à se métisser davantage avec le dieu Quetzalcoatl.


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