Carbone

No 1, automne 2006

par Richard Walter
2007, in La Revue des revues n° 40

Carbone, « revue d’histoire potentielle », est une nouvelle revue sur petit format de poche et à la maquette impeccable. La déclaration d’intention est très courte : « Carbone pour sonder le réel, les fétiches du temps présent, ses rêves éventés, ses utopies aimantées et ses vestiges. Une revue d’histoire potentielle pour animer le souffle des futurs possibles », en brassant philosophie, littérature, science-fiction et cinéma. Elle est dirigée par Axelle Felgine et publiée par les éditions au nom évocateur : Le Mort qui trompe.
Au menu, des articles très pointus, de courtes fictions, un entretien avec Juan Asensio. Ce dernier se définit comme « réactionnaire authentique » et chrétien, au ton imprécateur légèrement plus soft que les propos bilieux pour ne pas dire plus d’un Dantec ou d’un Houllebecq, souvent cités par Asensio. Celui-ci apparaît in fine comme une parfaite variante française du néoconservatisme dont on connaît les résultats outre-Atlantique.
Le reste de la revue ne reflète pas cette orientation, même si elle est consacrée à un premier thème révélateur : « Esclave ». Le résultat est très hétéroclite quand même, entre un article sur le cinéma d’horreur japonais, un autre sur l’herméneutique d’Ibn ’Arabi (le
soufisme), des articles littéraires sur Guyotat, Artaud ou des auteurs de science-fiction (plutôt tendance hard science), le tout mélangé à des proses très écrites de Jean-Claude Tardif, Lucien Suel, etc. Ces derniers auteurs sont plutôt connus pour être plus proches de la modernité (la Beat generation pour Suel) que des élucubrations de cet Asensio qui se voit ainsi une belle tribune. On attend quelques décantations et de voir si d’autres orientations que celle exprimée dans le premier entretien seront de mise.


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