Cimaise et la création new-yorkaise des années soixante

par Corine Girieud
2002, in La Revue des revues no 31

Alors qu’à Paris les galeries ignorent la création américaine, Cimaise offre une tribune à Dore Ashton, critique d’art au New York Times. Deux numéros spéciaux sont également consacrés à l’Amérique, en 1956 et 1959. Ragon y fait part de sa découverte de Johns et Rauschenberg à la galerie Castelli. Ces créateurs séduisent également Restany qui voit en Marcel Duchamp le renouvellement de l’art. Ils forment une exception dans la revue dont les autres rédacteurs lisent l’histoire de l’art dans une continuité. Quant à Jean-Robert Arnaud, directeur de Cimaise, il considère l’abstraction lyrique comme seule forme d’art possible. Restany, suivi peu après de Ragon, quitte Cimaise : le premier comité de rédaction éclate ainsi en février-mars 1963. Un an après, la Biennale de Venise consacre Rauschenberg. L’art américain est officiellement reconnu en Europe. Cimaise publie un numéro spécial : Amérique / Biennale de Venise. Les rédacteurs disent pourtant leur déception face à l’attitude offensive des Américains. Ils ont même tendance à défendre un art franco-français dans cette revue si souvent tournée vers l’étranger. Cependant la publication de ce numéro reste une exception dans la presse française de l’époque.

Cimaise, the New-york creative spirit in the sixties
While Parisian galleries ignore all American artists, Cimaise welcomes Dore Ashton, the New York Times art critic. Moreover, two entire special issues of the review, in 1956 and 1959, deal with America. Ragon tells about his discovery of Johns and Rauschenberg at the Castelli Gallery. The same artists also find the support of Restany who considers Marcel Duchamp as the father of the renewal of art. The other art critics of the review, on the contrary, read the history of art as a continuity. As to Jean Robert Arnaud, the chief editor of Cimaise, he thinks that lyrical abstraction is the only possible form of art. Restany and Ragon both leave Cimaise, one after the other: the first editing committee thus desintegrates in February or March 1963. One year later, the Venice Biennale consecrates Rauschenberg. American art is officially acknowledged in Europe. Cimaise publishes a special issue : « Amérique / Biennale de Venise ». The editors, however, express their disappointment about the aggressive attitude of Americans. They even tend to defend a Franco-French art in this review so often looking toward foreign artists. But this issue remains an exception in the French art press of the time.


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