Commerce et La NRF

Concurrentes ou complémentaires ?

par Ève Rabaté
2008, in La Revue des revues no 42

Commerce (1924-1932) fondée grâce au mécénat actif et généreux de Marguerite Caetani, et La NRF de l’entre-deux-guerres furent-elles concurrentes ou complémentaires? Quels furent les liens entre ces deux revues qui illustrent toutes deux une conception exigeante de la littérature. Commerce s’inscrit dans la tradition des cahiers littéraires et s’adresse à une élite, financière et intellectuelle. Les vingt-neuf livraisons trimestrielles sont publiées « par les soins de » Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valery Larbaud, et avec l’assistance du poète Saint-John Perse et de Jean Paulhan, mais Marguerite Caetani est bien plus qu’un mécène : cette femme est véritablement l’âme de la revue, et mène à bien pendant neuf ans une entreprise éditoriale et spirituelle sans précédent. Tout en étant très proche du milieu NRF, Commerce témoigne de sa singularité en refusant tout manifeste, toute référence à l’actualité tant littéraire que politique, en limitant au maximum l’appareil critique au profit des textes mêmes, pour se consacrer à la littérature dans sa plus pure essence. Cette revue publie les plus grands noms de l’époque, mais elle s’ouvre également à de jeunes auteurs talentueux encore inconnus au moment de leur publication. Sa vocation cosmopolite la distingue également de La NRF. Commerce présente le meilleur de la littérature de son temps : chaque numéro comporte une majorité de textes contemporains inédits écrits en français, ainsi que quelques traductions d’auteurs étrangers les plus représentatifs de leur pays, et un ou deux textes anciens méconnus qui acquièrent une modernité nouvelle, faisant ainsi dialoguer les textes d’un siècle à l’autre et d’une langue à l’autre.


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