Comparatio

par André Derval
19901991, in La Revue des revues no 10

Plus interdisciplinaire qu’intertextuelle, du moins dans ses intentions, cette revue, dont le comité scientifique est composé d’universitaires européens et nord-américains, comporte huit articles : trois en allemand, trois en anglais, un en italien et un en français.
Le texte liminaire écrit en français par Michael Jakob présente Comparatio comme un « lieu ouvert à la réflexion méthodologique, théorique et critique » sur la littérature comparée, que M. Jakob définit lucidement comme une « discipline à venir ». Peter de Bolla dans « On the theory of comparison » explique que son article « will not aspire towards a theory of comparative literature, still less a theory of reading by or through comparison ». Le comparatisme, ou les éléments textuels prêtant à la comparaison, ont de la sorte pour but ultime d’élaborer une « grammar of difference ». A titre d’exemple soutenant cette théorie, un texte de Wordsworth est éclairé par deux passages de Milton et de Shakespeare. Le propos d’A. Longuet-Marx et de David-Emmanuel Mendes Sargo est à notre sens plus novateur et plus riche d’enseignement :« La lettre, l’esprit et le comparatiste » propose « d’établir certains parallèles entre la littérature comparée et l’exégèse chrétienne des Saintes Écritures ». Parmi les autres textes, un essai sur la construction métaphorique et ses interprétations sémiologiques (Manfred Schmeling), des études sur Valéry en regard de Celan et d’Hölderlin (Beryl Sclossmann), sur Henry James (Arrnando Gnisci), sur Leopardi (William Frankl), sur le poète Georg Trakl et sur le philologue Roland Kany (Vittorio Hésle).
En dépit de quelques carences orthographiques, auxquelles la revue devra veiller à remédier, Comparatio s’impose donc comme une revue ambitieuse, alternant textes théoriques et commentaires composés de haut niveau, rendant légitimement compte d’un mouvement réel de la critique universitaire internationale en direction de l’intertextualité.


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