Des amis et des savants. Une enquête sur les publications des sociétés littéraires

par Guillaume Louet
2015, in La Revue des revues no 53

Une espèce à part, au sein du genre revues : les cahiers et bulletins d’amis. Ils émanent le plus souvent de sociétés d’amis d’auteurs. L’amitié n’est pas incompatible avec la connaissance rigoureuse, puisque ces publications constituent de précieuses sommes de documentation sur les auteurs et d’exégèse de leurs œuvres. On les connaît mal, car elles sont peu distribuées. Or, l’évolution qui les caractérise depuis un peu plus d’une décennie interdit qu’on continue d’entretenir la légende de bulletins paroissiaux. Leur mouvement est celui d’un progrès dans la scientificité et l’excellence du travail éditorial est visible, le plus souvent, dans la facture : ces revues ne sont plus ronéotées, agrafées, comme elles pouvaient l’être dans les années 1960 (et jusque dans les années 1980), leur forme est aussi variée que soignée. Héritiers de l’auteur, amateurs et savants collaborent ensemble, en veillant à ne pas verser dans l’idolâtrie. Si les amis regroupés autour d’un auteur ont bien pour but de célébrer un écrivain, la participation croissante des universitaires dans les sociétés d’amis explique que l’on passe désormais moins de temps à fleurir les tombes qu’à assurer la réception de l’œuvre. Contre l’entre soi des sociétés secrètes, élargir la communauté de lecteurs savants.

 

Friends and Scientists. An Enquiry on the Publications of Literary Societies

A species apart from the rest of the review genre: friends’ notebooks and bulletins. Most of the time they proceed from friends’ societies of authors. There is no incompatibility between friendship and rigorous knowledge as these publications constitute precious sums of documentation on authors and the exegesis of their works. They are little-known as they are not widely circulated. Yet, the evolution they have been undergoing for the past decade or so forbids continuing to present them as parochial bulletins. They tend to  progress in their scientific character, and the excellence of the editorial work is demonstrated, in most cases, by their appearance: these reviews are no longer mimeographed and stapled as they used to in the 1960’s (and up to the 1980’s), and their form is as varied as elaborate. The author’s heirs, amateurs and scientists collaborate and are careful not to indulge in mere idolatry. If the friends grouped around an author share the goal of celebrating a writer, the growing participation of scholars in friends’ societies account for the larger place given to ensure the work’s reception by the public to the detriment of tomb-flowering. The intimacy of secret societies gives place to the enlarging of the community of knowledgeable readers.


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