Esprit, 1945-1956 : la filière italienne

par Olivier Forlin
2005, in La Revue des revues n° 36

Esprit, 1945-1956 : la filière italienne

Les nombreux articles consacrés à l’Italie par la revue Esprit tout au long des années 1945-1956 témoignent du vif intérêt que la culture et les débats politico-idéologiques italiens suscitent au sein de sa rédaction. La correspondance échangée par Emmanuel Mounier, puis Jean-Marie Domenach, avec des intellectuels transalpins, permet de saisir l’origine et les modalités des liens établis avec l’Italie ; ceux-ci informent les responsables d’Esprit sur la situation de leur pays, leur envoient textes et périodiques, les introduisent dans plusieurs réseaux de l’intelligentsia de gauche et organisent leurs tournées de conférences outre-monts. Derrière la reconstitution de ces relations se profile le contenu des articles sur l’Italie que publie la revue. Si Domenach perpétue le même type de contacts que Mounier, il cherche toutefois à prendre plus de distance à l’égard des réseaux communistes, traduisant ainsi l’évolution politique de la revue personnaliste au début des années cinquante. Instrument de l’engagement intellectuel et laboratoire d’idées, la revue Esprit fut également un lieu de la médiation culturelle franco-italienne.

Esprit, 1945-1956 : the Italian connexion

The numerous articles devoted to Italy in the periodical Esprit throughout the years 1945-1956 testify to the editorial committee’s deep interest in Italian culture and politico-ideological controversies. The letters exchanged first by Emmanuel Mounier and later by Jean-Marie Domenach with transalpine intellectuals allow better understanding the origin and modalities of the relations established with Italy ; the latter informed the Esprit editors of the situation of their country, sent them texts and periodicals, introduced them in several circles of the left-wing intelligentsia and organised their lecturing tours in Italy. Beneath the detailed account of these relations are outlined the contents of the articles published by the periodical on Italian subjects. If Domenach perpetuated the same type of contacts as Mounier, he nevertheless endeavoured to take some distance from communist circles, thus echoing the political evolution of the personalist review in the early 1950s. Both an instrument of intellectual commitment and a think tank, the review Esprit was also a ground for Franco-Italian cultural mediation.


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