La revue Sens plastique, entre peinture et poésie (1959-1961)

par Ivanne Rialland, Julie Verlaine
2010, in La Revue des revues n° 44

La revue Sens Plastique, lieu de rencontre et de dialogue entre peinture et poésie (1959-1961)

Sens Plastique, revue de poésie et d’art, est née en 1959 à l’initiative de Jean-Jacques Lévêque qui débute alors sa carrière de critique d’art. Liée à la librairie-galerie parisienne Le Soleil dans la tête, la revue n’est pas un simple bulletin de galerie : elle défend d’autres artistes, tout en restant fidèle à une ligne cohérente.
Lévêque, en troquant avec les galeries parisiennes des espaces publicitaires contre des exemplaires, assure à sa petite revue une diffusion dépassant le cercle amical. Ce procédé se traduit par une corrélation des comptes rendus et des publicités : la notion de dispositif permet de souligner la force signifiante de la mise en page, ainsi que l’intégration à un réseau de galeries et de revues dont le choix désigne l’esthétique défendue — l’abstraction lyrique. Pour imposer leurs valeurs, et notamment l’expressivité, le dialogue et l’équivalence entre les arts, les critiques recourent à un style poétique incarnant une conception commune de l’art. Néanmoins, parce qu’elle défend jusqu’au bout une esthétique sur le déclin, Sens Plastique ne joue que de façon provisoire son rôle de point de ralliement.

Sens Plastique, a review of poetry and visual arts, was born in 1959 under the auspices of Jean-Jacques Lévêque, who at that time was a beginner in art criticism. Bound to the Paris bookshop/gallery Le Soleil dans la tête, the review is more than the monthly bulletin of a gallery: even if it stays faithful to the same coherent aesthetic program, it promotes artists that the gallery does not exhibit.
Lévêque trades advertisement in exchange of copies of each issue with several art galleries in Paris, so that his small review benefits from a much larger distribution than the friendly circle. As a consequence, exhibition reviews are linked to advertisements. The concept of “editorial device” leads to insist on the significance of the layout, as well as the important integration to a network of galleries and reviews, chosen for the æsthetic line they promote : lyrical abstractionism. In order to assess their values – expressivity, discussion and equivalence of the arts – the art critics develop a poetic style which symbolises a shared idea of art. Nonetheless, since it takes side until its last issue for a declining artistic movement, Sens Plastique has only temporarily been an intellectual meeting point.


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