Les Cahiers internationaux de psychologie sociale

par Éliane Bourgois
19891990, in La Revue des revues no 8

En France, la psychologie sociale se trouve dans une position paradoxale : mal connue dans ses aspects les plus recevables scientifiquement et prise à partie par les critiques épistémologiques et idéologiques derrière lesquelles on retrouve les anciennes oppositions philosophiques aux sciences sociales. Dans ce contexte, Les Cahiers internationaux de psychologie sociale ont été conçus pour fournir des éléments d’information et de réflexion à tous ceux qui veulent apprécier l’actuel développement de cette discipline.
Fondés en 1978 à l’Université de Liège, Les Cahiers internationaux de psychologie sociale se sont internationalisés à l’intérieur du monde francophone. Les textes de ce premier numéro tentent de couvrir les divers secteurs de la recherche qui, jusque là, ne pouvaient être consultés qu’en langue anglaise. Serait-ce le signe avant-coureur d’une indépendance à l’égard des orientations venues d’outre-Atlantique ?
Dans l’ensemble, les recherches exposées présentent un caractère théorique et méthodologique se rapportant surtout à la psychologie sociale expérimentale. Mais ce qui est visé, c’est avant tout une approche de la discipline sous sa définition la plus large, prenant en compte aussi bien la recherche fondamentale que la recherche appliquée. Le lecteur pourra ainsi prendre connaissance de certaines théories issues du champ spécifique de la psychologie sociale comme, par exemple, la théorie de l’équilibre cognitif de Heider, citée dans l’article de Philippe Kempeneers, « Approche du continuum gauche/ droite en politique comme concept ». Les problèmes soulevés par la recherche sont approchés de manière plus particulière dans l’article de Joshi et Asselin,« Le dilemme de la définition opérationnelle d’un concept et la description d’un phénomène réel ». Cependant les résultats obtenus restent généralement sujets à caution : talon d’Achille de la discipline, le contrôle de l’ensemble des variables en jeu dans l’étude de l’être humain reste un problème majeur. A quand donc une revue qui tenterait une synthèse des différents travaux réalisés pour constituer une véritable théorie générale des phénomènes psychosociologiques afin de réduire le morcellement, la dispersion, l’hétérogénéité qui règnent dans ce domaine, mis en évidence par Les Cahiers internationaux de psychologie sociale ?


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