Les Cris de l’hélikon

par Éric Dussert
1999, in La Revue des revues n° 26

No 1, mars 1999

Les Cris de l’hélikon ont une mission : assurer « la défense du livre de création » en devenant l’organe d’une nouvelle association d’écrivains, de libraires, de petits éditeurs, de bibliothécaires et de diffuseurs. On peut supposer que le constat des carences de la presse littéraire nationale est à l’origine de cette initiative destinée à assurer aux ouvrages édités hors des circuits de l’édition industrielle un peu de publicité. Ici, le terme n’est pas limité à son sens vulgaire. Certes, les pages destinées à la présentation des publications de Comp’Act, Zulma, Obsidiane, Le Patio, José Corti, Le Temps qu’il fait, Atelier La Feugeraie, L’Escampette sont payantes, mais elles sont affublées du titre ironique de « Piston » et ne coûtent que deux cents francs. Ces espaces serviront probablement à financer un média souple à l’usage des lecteurs préoccupés des marges de la littérature plutôt que de la cavalerie papetière qui dispose de tous les relais médiatiques nécessaires.
Au-delà du besoin revanchard, bien compréhensible, de se servir soit même en accédant directement aux lecteurs, Les Cris de l’hélikon sont habités par l’envie de fédérer les « colporteurs du livre ». On avait déjà vu des initiatives de ce genre et il faut souhaiter à celle-ci la durée. Outre son prix modique et son rythme de parution peu engageant, ce bulletin de petit format (210 x 150 mm) est reprographié sans fioritures. Il développe ainsi tous ses espaces en deux colonnes propres à contenir le plus d’informations possible. Dans le numéro initial, en plus d’échos divers (disparition de la Bibliothèque des arts graphiques, collection Type-Type de Plein Chant, Marc Petit premier lauréat du Prix Claude Le Heurteur), les artisans du projet paient de leur personne en signant l’intégralité du sommaire. Le directeur de La Polygraphe Henri Poncet expose ses idées sur la néo-ruralité, l’écrivain Baptiste-Marrey souligne les étrangetés du Moreau de Klabund (Le Temps qu’il fait), le bibliothécaire Thierry Ermakoff salue l’essai de G. Ferrières sur Jean Cavaillès (Calligrammes), quant au libraire Daniel Le Moigne, il recense les Correspondances de Perros. N’oublions pas un utile agenda des événements littéraires par région et la promesse que fait l’Hélikon d’organiser ses propres manifestations autour du livre. Si elles ne sont pas musicales, qu’elles soient au moins tonitruantes.


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