Littérature en marche

Revue de théorie, de pratique et d’action

par Éric Dussert
2002, in La Revue des revues no 31

Littérature en marche, titre engageant et volontaire pour une publication sans âge et un peu froide. Nul éditorial, pas de déclaration préliminaire, la publication ne fournit que ses écrits. On ne saura donc pas quelle direction a prise la littérature, même si l’on devine que sa route passe par les locaux des éditions La Main Courante dont les auteurs occupent largement le sommaire.
Sa présentation très sobre n’attire pas l’œil et il y a fort à parier que la revue passerait inaperçue sur les étals si certains patronymes annoncés en couverture ne retenaient l’attention : « Tombeau du Marquis de Sade » par Jean-Luc Peurot, « Cinq télégrammes à Gertrude Stein », purement fantaisistes, de Pierre Courtaud, « Deleuze, ou l’oubli de l’oubli » par Daniel Charles, « Le temps retrouvé de Claude Simon » par Bertrand Courtaud, etc.
Il s’agit bien d’une « Revue de Théorie, de Pratique et de Création » où les belles pages des souvenirs émus de Daniel Charles sur Deleuze conduisent à l’« Hymne » de Claude Minière, aux claviculaires « Polars pour Polo » de Liliane Giraudon, à la « Transfigurée » de Jacqueline Merville ou à « Une libido géographique » d’Huguette Champroux. Les « Ateliers fragiles du désert » du poète limougeaud Jean Mazeaufroid sont accompagnés d’une feuille A4 reproduisant la lettre posthume rédigée en hommage par Jean-Luc Peurot. Il s’adresse à Mazeaufroid, poète de Limoges disparu le 4 octobre 2001 (il y était né le 17 juillet 1943, cf. Le Monde du 10 octobre 2001) et disparu dans un silence assourdissant. Puisse Littérature en marche ne pas connaître le même sort.


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