Nioques

par Max de Carvalho
19901991, in La Revue des revues no 10

« Tu te souviens ? la préface d’Eros énergumène, en 1968, où tu définissais ton projet de défigurer la convention écrite en évoquant Francis Ponge « parler contre les paroles ». Aujourd’hui je fais Nioques » (Jean-Marie Gleize – directeur de la revue – à Denis Roche, entretien paru dans le no 2). Les conditions seraient-elles réunies après vingt ans pour un nouveau « collectif génération »? Mais cette fois sans avant ni arrière-garde, jouissant pleinement de la possibilité de « ne plus signifier qu’en moins » et de la liberté d’arriver trop tard dans un monde trop vieux, sans gnossienne ni Gnose ni Connaissance (fût-elle de l’Ouest), avec la gnoque phonétique pour seule compagne. Roman Opalka, dont le « programme de vie » est transcrit par Bernard Noël dans le no 2, soufflerait bien la formule salvatrice : « Je pourrais naître dans un univers à venir aussi bien qu’être un Grec du temps de Pythagore (…) l’univers visuel qui est le mien a connu l’explosion j’y ai puisé la force d’aller si loin un Opalkos n’aurait pas eu cette possibilité ». Aux sommaires des deux numéros donc, des « bandages » de Maurice Roche ; Denis Roche, Bernard Vargaftig, Mathieu Bénézet et plusieurs nouveaux venus. Comme Wang Dong Liang, dont l’histoire du moine Ju Di clôt le no 1, avec cet exergue de Tchouang Tseu : « Ce qui sort de la bouche est le / déchet./ Ce qui sort sous la plume est / le déchet du déchet ».


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