Politiques de communication

par Elvire Lilienfeld
2014, in La Revue des revues no 51

Le n° 1 de la nouvelle revue Politiques de communication a paru à l’automne 2013, aux Presses universitaires de Grenoble. C’est une revue universitaire, de chercheurs et pour les chercheurs, elle « se propose d’éclairer la communication dans ses dimensions sociale et politique. Elle se fixe comme objectif la production de connaissances rigoureuses, étayées méthodologiquement, visant la mise au jour des logiques de la communication. »

La revue est constituée d’un dossier thématisé, ici « Journalisme : retour aux sources », et la première livraison est coordonnée par deux spécialistes de la sociologie du journalisme et des medias et de la sociologie de la communication, Jérémie Nollet (IEP de Toulouse) et Nicolas Kaciaf (IEP de Lille). Donc, ce premier dossier interroge la notion de « sources », en « se focalisant sur les interactions entre les journalistes et leurs interlocuteurs », dans leurs rapports de sollicitation ou d’évitement. Les articles répondent ainsi et naturellement aux axes principaux de la ligne éditoriale de la revue : la dimension politique de la communication, le politique dans la communication et la communication du politique. Il est difficile de résumer les approches complexes sans les caricaturer, mais prenons deux articles, pour illustrer à la fois la diversité des approches, des sujets eux-mêmes, et leurs analyses, qui ouvrent des pistes de réflexion sur le rôle des médias, et des acteurs de l’information.

« Sommets d’information » par exemple, décrit la logique de la présence des ONG dans les sommets internationaux de chefs d’État (ici le G8 de 2007 à Heiligendamm, en Allemagne) et décrypte les rapports des organisations avec les journalistes : un subtil jeu d’intérêts croisés et d’utilisation réciproque, aux effets rarement immédiats, parfois différés (objectif atteint pour l’ONG). Où l’on voit par cette étude que le professionnel des medias est à la fois une cible en soi et un « maillon » dans une longue chaîne allant de l’ONG au politique. « Du vestiaire à la une, de la une au vestiaire » analyse quant à lui l’emballement médiatique qui suivit l’altercation d’Anelka et de Domenech dans un vestiaire lors de la mi-temps de la coupe du monde masculine de football en Afrique du Sud : loin de n’être qu’un reflet de la réalité, le récit journalistique d’un événement créé un événement, devenant un « fragment du réel », une composante de la réalité sociale.

On pose la revue avec une envie de lire toute la littérature portant sur le sujet des sources, mais également celle de travailler la bibliographie très fournie de chaque article. On ne le fera pas bien sûr, on attendra plutôt le prochain numéro : les thématiques des dossiers sont bouclées jusqu’en 2016, les appels à contributions sont consultables sur le site de la revue.

Voici ces thématiques :

N° 2 : De la Démocratie en entreprise. Dialogue social et représentation des salariés, printemps 2014 ;

N° 3 : S’engager sur internet, automne 2014 ;

N°  4 : Les ancrages sociaux de la réception ;

N° 5 : La fabrique du goût ;

N° 6 : Des “vraies gens” aux “followers”. Les mises en scène médiatiques de la parole publique à l’heure du numérique.

 

Il faudra être patient jusqu’à l’automne 2015 pour lire le n° 5, qui traitera d’un phénomène contemporain particulièrement médiatisé. Et 2015, forcément, c’est loin : on aurait pu imaginer que le comité de rédaction soit plus audacieux et impose un rythme plus soutenu à la revue.


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