Pour un humanisme engagé : Terre des hommes, 1945-46

par Michel P. Schmitt
2005, in La Revue des revues n° 36

Pour un humanisme engagé :
Terre des hommes 1945-1946

Le premier numéro de l’hebdomadaire politique et littéraire Terre des hommes est daté du 29 septembre 1945 ; la publication s’arrêta avec le numéro 23 cinq mois plus tard. Cette brève expérience fut dirigée par Pierre Herbart (rédacteur en chef), membre avec Jacques Baumel et Claude Bourdet du comité de rédaction. Fondé sur l’héritage humaniste de Saint-Exupéry, avec le parrainage d’André Gide et la Résistance comme référence constante, le journal attira à lui des signatures prestigieuses d’écrivains, critiques et journalistes : Henri Calet, Roger Caillois, Albert Béguin, Henri Thomas, Maurice Nadeau… L’entreprise était courageuse et respectable. Plusieurs facteurs ont contribué à décevoir les espérances fondatrices : graves difficultés financières et d’approvisionnement en papier, personnalité controversée d’Herbart, ligne politique centrée sur un humanisme socialiste un peu vague et sachant mal transformer les idéaux de la Résistance en un salut pour l’avenir. Terre des hommes reste pourtant un excellent poste d’observation pour comprendre les moments terribles de l’immédiat après-guerre, sur les plans politique, esthétique et littéraire.

For a committed humanism : Terre des hommes

The first issue of the political and literary weekly Terre des hommes is dated September 29, 1945; the publication ended with number 23 five months later. This short-lived experiment was led by Pierre Herbart (chief editor), who sat on the editorial committee along with Jacques Baumel and Claude Bourdet. Founded on Saint-Exupéry’s humanist legacy, under the patronage of André Gide, and with the Résistance as a constant reference, the paper attracted the signatures of prestigious writers, critics and journalists such as Henri Calet, Roger Caillois, Albert Béguin, Henri Thomas, Maurice Nadeau… This was a courageous and respectable venture. Several factors combined to its disappointing outcome: serious difficulties in financing the project and procuring paper, Herbart’s controversial personality, a political line centred on a somewhat vague socialist humanism that failed to transform the ideals of the Résistance into salvation for the future. Yet Terre des hommes remains an excellent observation point to understand the terrible episodes of the immediate aftermath of the war as far as politics, aesthetics and literature are concerned.


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