NRV (1996-1999), cocktail fin de siècle

par Anthony Dufraisse
2024, in La Revue des revues no 72

Revue d’une fin de siècle, titrée ainsi en forme d’irrévérence à son illustre devancière la NRF, la NRV a connu quatre numéros entre 1996 et 1999, et des tentatives de résurrection sans lendemain. On l’associe généralement à Frédéric Beigbeder, le plus vibrionnant de ses animateurs. Y seront publiés des écrivains alors en voie de reconnaissance ou émergents : Stéphane Audeguy, Benoît Duteurtre, Maurice G. Dantec, Michel Houellebecq, Philippe Jaenada, Lola Lafon, Yves Pagès, Marc Weitzmann, entre autres. Ce qui en fait le porte-voix d’une génération montante, souvent influencée par les idées de Guy Debord sur la Société du Spectacle. À bien des égards miroir et symptôme d’une période charnière (médiatiquement, politiquement, technologiquement), la NRV en est à la fois la parfaite émanation et la fille rebelle. Revendiquant sa liberté de ton et de forme, épousant avec plus ou moins de bonheur le courant de l’autofiction, politisée d’une façon décomplexée, elle n’aura toutefois pas la portée idéologique de Perpendiculaires ou Ligne de risque, ses principales rivales. Comment la NRV s’est inscrite dans son époque et dans le paysage revuistique, c’est ce que tente d’esquisser cet article en s’attardant sur quelques moments-clé et figures marquantes de cette aventure éditoriale.

par/by Anthony Dufraisse (p. 26-53)

La NRV (1996-1999), cocktail fin de siècle

A fin de siècle journal, so titled in irreverence to its illustrious predecessor the NRF, the NRV saw four issues between 1996 and 1999, and attempts at resurrection without success. It is generally associated with Frédéric Beigbeder, its most vibrant host. At the time, it published works by established and emerging writers: Stéphane Audeguy, Benoît Duteurtre, Maurice G. Dantec, Michel Houellebecq, Philippe Jaenada, Lola Lafon, Yves Pagès and Marc Weitzmann, among others. Which makes it the voice of a rising generation, often influenced by Guy Debord’s ideas on the Society of the Spectacle. In many ways a mirror and symptom of a pivotal period (media-wise, politically, technologically), NRV is both the perfect emanation and rebellious daughter of that period. Claiming freedom of tone and form, embracing the autofiction trend with varying degrees of success, and politicised in a no-holds-barred way, it nevertheless lacked the ideological reach of Perpendiculaires or Ligne de risque, its main rivals. This article attempts to sketch out how NRV fit into its era and the journal landscape, by focusing on a few key moments and prominent figures in this editorial adventure.


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