Les Cahiers Max Jacob 15/16

Max Jacob par Carl van Vechten, 1934, Library of Congress

 

Où il est montré que des écrivains fameux et leurs œuvres recèlent bien des aspects méconnus et que seul le travail amoureux des sociétés d’auteurs est capable de les faire apparaître: la preuve par Les Cahiers Max Jacob qui dans leur numéro 15/16 (automne 2015) s’attachent à analyser la dilection de Max Jacob pour la culture de masse et ses formes « populaires ». Les guillemets s’imposent car la catégorisation prévient Alexander Dickow, coordinateur du numéro, est une construction fantasmatique formulée par l’élite, nourrie d’oppositions sommaires (raffiné/commercial…), de pesées critiques teintées de condescendance et de méconnaissance.

 

N’importe, « c’est par l’imitation et la récupération d’un genre populaire, et sous le signe du populaire que Max Jacob commence sa carrière d’écrivain » : la rédaction d’un conte Histoire du roi Kaboul 1er et du marmiton Gauwin suivi en 1904 par Le Géant du soleil – et c’est une pépite que livre la revue ici en intégralité et avec les illustrations d’origine, puisque ce texte n’avait jamais été repris depuis sa première parution en 4 épisodes dans Lectures de la semaine.

 

Du cinéma alors naissant, primitif dit-on, Jacob sera également un amateur de la première heure : un long article de Nadejda Magnenat débusque les empreintes du cinématographe chez l’auteur du Cornet à dés. Émilien Sernier, de son côté, analyse les jeux complexes que le romancier Max Jacob entretient avec le roman-feuilleton. De l’appétence à l’appropriation, l’œuvre de Max Jacob charrie et transmue les formes humbles, triviales qui, dans leur simplicité, paraissent avoir préservé une grâce. Si ce goût pour les genres et les objets culturels « illégitimes » apparie Max Jacob aux avant-gardes de son temps, en particulier Dada et le surréalisme – les précédant même –, le passage du divin fraie une histoire singulière.

 

Vincent Dunois