Dialog n° 1 : Le sujet du Verbe

 

Existait déjà Dialogue, la revue canadienne de philosophie. Voici aujourd’hui, avec une pirouette dans la graphie du titre, Dialog, une nouvelle revue où il est aussi question de philosophie. Mais pas seulement.   « Divagation philosophique et artistique », « champ d’expression, libre et transversal », ainsi Aurélia Guis, l’initiatrice du projet, présente-t-elle cette publication qui, pour son coup d’essai, tire un fil conducteur thématique : le Verbe. Hormis quelques contributions peut-être un peu fumeuses, qui déroutent le lecteur, l’ensemble est plutôt convaincant. Quelques textes en particulier se détachent avantageusement. Citons le beau témoignage de Jane Sautière, romancière et éducatrice pénitentiaire, sur l’expérience théâtrale en milieu carcéral, le texte de Jean-Marc Adolphe qui s’interroge, à travers l’exemple japonais du Butô, sur la danse comme manifestation d’une écriture corporelle échappant au « pouvoir des mots » mais aussi, dans un tout autre registre, la défense d’une approche philologique du texte coranique par Hicham Abdel Gawad, professeur à la Faculté des Sciences islamiques de Bruxelles et spécialiste du dialogue interreligieux. Moins abordable sans un certain bagage conceptuel, la réflexion de Sylvie Taussig, qui questionne la possibilité d’un discours laïc à partir et en vue d’« une politique sans sacré », mérite d’être signalée. La présentation de différents travaux artistiques clôt ce premier numéro : on retiendra avant tout les performances d’Antonio Contador sur la verbalisation, une façon pour lui d’interroger la notion de sonorité, et les interventions de l’artiste franco-algérien Yazid Oulab autour de « la mise en scène de la voix ». À découvrir aussi, quoiqu’en décalage avec le thème retenu, le travail d’Anne-Sophie Coiffet (qui illustre la couverture et est également présente avec un texte, « une petite gymnastique formelle ») centré sur l’apparition des formes et la construction géométrique de l’espace. On demande à voir la tournure que prendra, dès la prochaine livraison, cette revue prometteuse.

 

Anthony Dufraisse