La tête et les cornes n° 4

 

« Ici au contraire, dans cette église de campagne, au plus près du ciel, la simplicité règne. »

 

Simplicité étudiée de La tête et les cornes (no 4) : sur leur papier camel, les textes-poèmes s’enchaînent derrière la couverture/poster de la revue (une image de la bibliothèque de Claude Royet-Journoud).

 

« Je recherche une résidence permanente, mais cette structure a l’apparence d’un isolement et d’une composification indifférente allant droit vers le désespoir ». Où l’on découvre et comprend le mot composification.

 

Pas de résidence permanente :

« Je fus, je m’en fus/je m’enfuyais/fui, je m’enfuyais » ; « et je perds/ à la fin extrême/ de ma vie/ tout mon temps, ou presque »

 

« une pauvre chose que/mon corps/ la peur est un lieu exigu in/certain » ; « certaines personnes, avant de claquer, cherchent à faire de leurs vies des reliquaires » ; «  midi à la/veille de la mort et je roule dans la neige, /en fonction du temps »

 

«  C’est bête comme on n’arrête pas de remarquer que c’est foutu/ C’est comme ça qu’on sait que la partie est foutue/ De toute façon quelqu’un doit bien ramasser »

 

C’est avéré :  « Quelque chose manque ». Depuis la création du monde avec des mots qui l’éloigne : «  Que faisons-nous ? Nous mesurons dans le bruit/une certaine population de chèvres. Chèvre n’est pas chèvre. Ainsi nous approchons »

 

Non pas de résidence : « Nous ne sommes rien nous avons les gestes de ceux qui partent »

 

Où demeurer quand la vie sauvée, retrouvée est une vie viciée ? Noé nous a légué la mort : «  les humains sont rendus apathiques par la fièvre/mais conscients de leur précédente inconscience de la nature » ; « la fièvre du corps humain est constante »

 

«  Il pleut et on pense, Dieu, ou on pense univers » : notre errance commune. Ça.

 

Ou ceci : «  La beauté est si grande qu’elle ne me soigne pas. Au contraire : ma santé s’aggrave ? Comme c’est bon de mourir dans le piège qu’a tendu pour nous la vie. ». Réversibilité.

 

Reversibilité : le fils coupe les ongles des orteils de son père. Qui devient fils : « je suis reconnaissant de ce souvenir. »

 

Avec dans l’ordre d’apparition – mais dans l’oubli de leurs traducteurs : Jorn H Særen, Mei-Mei Berssenbrugge, Jacques Roubaud, Keith Waldrop, Lindsay Turner Nils Christian Moe-Repstad, Peter Waterhouse, Dwan Lundy Martin, Lindsay Turner, Jorn H Særen.

 

Tentative d’effeuillage inachevé du no 4 de La tête et les cornes comme une absence de tout bouquet. L‘être de peu avec des mots de rien. « Bleu. Bleu tout juste perdu » (P.W.)

 

Adresse au lecteur : « reconnais que rien/n’est plus sûr/qu’autour, le silence » (J.R.) Un silence qui vient des quatre coins des langues : allemand, anglais, français, norvégien.

 

 

André Chabin