Criticat n° 17 : l’humour en plus

Pour ce numéro 17, la revue d’architecture criticat ne déroge pas à ses partis pris d’austérité de façade, recouvrant un ensemble d’articles qui, tout sérieux qu’ils soient, peuvent parler à tout un chacun.

 

La livraison s’organise autour d’un ensemble pointu sur la critique du minimalisme en architecture, tendance contemporaine en réponse aux crises que nous traversons, notamment une anthologie d’articles ou d’éditoriaux de revues. Cet ensemble se conclut sur un trop bref compte rendu de trois journées organisées par la revue au Familistère de Guise, sur le thème de la « nouvelle austérité ».

 

Un contrepoint présente l’œuvre de Jacques Anglade, charpentier. « une contre-culture constructive » : minimalisme, fausse simplicité dont les entrelacs composent des tableaux quasi abstraits.

 

 

La revue s’ouvre sur une visite du quartier Euralille que l’on doit à Rem Koolhaas où, tout en parcourant les lieux de ce morceau de ville, en compagnie de Valéry Didelon et de l’illustrateur-architecte Martin Étienne, ils reviennent sur son élaboration, ses évolutions, et sur des constats simples, ceux du promeneur, de l’usager, tout en en expliquant les tensions sous-jacentes (logiques commerciales, enjeux politiques, donc urbains, implication de l’architecte…). Nous ne sommes pas dans l’apologie, ni le dézingage.

 

Un autre monument de l’architecture contemporaine, les thermes de Peter Zumthor à Vals, se voit confrontés à un développement commercial, donc construit, mais pas urbain, du moins pas autant… mais où là aussi les logiques et les échelles s’affrontent, mais ici dans un village des Grisons, en Suisse.

 

Et deux articles nous regardent tous – spécialistes, profanes, habitants – qui s’appuient sur la réglementation – permis de construire en Angleterre, isolation thermique des bâtiments en France –. Vous n’êtes pas passionnés, a priori, j’en aperçois qui baillent… et pourtant.

 

Pour la France, il s’agit de règles qui, pour aller vers une gestion écologique des bâtiments, produisent dans nos villes mais aussi dans nos campagnes (ah, la petite chapelle quelque part dans la Loire…) des résultats immédiatement tangibles dans les paysages, et rapidement de la part des industriels des matériaux, des réponses sur le mode du pastiche, à l’uniformisation, à la simplification formelle que supposent les techniques d’enveloppement.

 

Il y a de l’humour, anglais of course, dans la façon dont Finn Williams qui répond ici a un entretien, et David Knight ont développé par l’absurde les possibilités offertes par les règlements du permitted developpement, « éléments “mineurs” constructibles sans permis », et qui font l’objet de leur livre Sub-Plan : a guide to permitted developpement.

 

Cette réflexion toute anglo-saxonne reste dessinée (encore que sont évoquées quelques réalisations dans ces failles réglementaires) alors que le premier article est illustré de photographies prises, hélas, dans nos quartiers.

 

 

Yannick Kéravec