« De la Peste noire au Covid-19 »

« La recherche au long cours et la démarche scientifique – tout comme la curiosité de tous les citoyens – constituent des antidotes contre de nombreux maux. » Carnets de science, la revue du CNRS, propose de rendre accessibles les travaux et les « grands défis de toutes les sciences » au travers d’analyses, entretiens et décryptages.

 

Bouclée durant le confinement, la huitième livraison de ce mook au prix attractif, bien diffusé et très très luxueusement illustré s’ouvre par un entretien avec Anne Rasmussen (historienne et directrice du Centre Alexandre Koyré, CNRS/EHESS/MNHN). « De la Peste noire au Covid-19 », cette contribution évoque l’impact des crises sanitaires sur les sociétés. Le principe de la quarantaine (plus que du confinement) fut le principal moyen de lutte contre les épidémies depuis la Peste noire. En 1720, le non-respect de consignes de quarantaine dans le port de Marseille fut à l’origine de la dernière grande peste en France. Dès le XIXe siècle, la quarantaine est critiquée comme inefficace, économiquement néfaste et contraire aux libertés. À la fin de la Première guerre mondiale, la pandémie provoquée par un virus respiratoire et facilité par les déplacements des troupes et l’augmentation des échanges intercontinentaux fut nommée « grippe espagnole ». La maladie avait été révélée par la presse espagnole. On crut alors que le virus venait de ce pays neutre. Mais la France, l’Allemagne et les autres pays en guerre avaient censuré l’information : « pas question d’interrompre les opérations militaires et le déplacement des troupes ». Le bilan établi en 1920 s’élevait à 20 millions de morts – bilan comparable à la « Grande guerre ». Mais l’Asie et d’autres régions du monde n’avaient pas été décomptées. Les travaux des historiens établissent à 50 Millions le nombre de victimes, estimation basse… Dans les années 1970, dans les pays développés, on crut un instant en avoir fini avec les maladies infectieuses. Le VIH, le SARS et, désormais le Covid ont rappelé l’existence des virus. Anne Rasmussen rappelle d’ailleurs leur nombre approximatif sur terre : un quintillon, « c’est à dire 1 suivi de 31 zéros »…

 

La plupart des domaines du savoir sont représentés dans ce numéro  où l’on retrouve un dossier sur les robots, sur la dépression, la peur des études de genre chez les populistes et les intégristes, les astéroïdes, les ondes térahertz, la dépollution des océans, la science et la fiction.

 

François Bordes

 

Carnets de science, n° 8, Printemps-été 2020

CNRS Éditions

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