
Le numéro 114 (automne 2016) interroge le visage humain, qui a beaucoup inspiré l’art, et continue d’être très présent dans la création contemporaine. Ce miroir de l’âme et de la personnalité possède sans aucun doute une dimension sociologique, puisque c’est ce qu’on montre à autrui lorsqu’on communique. À travers l’étude de diverses pratiques contemporaines relatives à cet élément indissociable de l’identité humaine, Espace soulève différentes problématiques. Sociétales d’une part, puisque le visage peut être le symbole de l’identité culturelle, notamment à travers le masque, forme expérimentée par l’artiste Nicholas Galanin. Politiques d’autre part, avec un questionnement relatif à la surveillance et aux processus biométriques de catégorisation, traités par les œuvres de Zach Blas et Ursula Johnson ; ou encore, le processus d’effacement de l’individu dans le régime autoritaire chinois, dénoncé par les autoportraits de Liu Bolin. Des enjeux éthiques enfin, avec la réflexion sur une nouvelle humanité, que suscite l’émergence des robots et des nouvelles techniques, illustrée par l’œuvre de Patrick Tresset qui fait produire des portraits par des robots.
Ces visages calmes ou torturés, parfois lisses mais le plus souvent contorsionnés, fascinent et invitent à une contemplation quasi hypnotique. Les portraits présentés littéralement face à face sur des doubles pages nous observent. Espace nous confronte à des visages en vis-à-vis, et cette dualité qui se tisse au fur et à mesure nous rappelle à notre propre identité.
Blandine Chevestrier