La Feuillue : du fait-maison

Le tout premier numéro est daté d’octobre 2025. Nous avons sous les yeux La Feuillue, nouvelle venue que l’on salue, une très modeste feuille au format A3 qui se présente pliée en trois. Car ainsi l’a voulu Claire Paulian, qui en est à l’origine avec quelques amies : on n’effeuille pas La Feuillue, on la déplie délicatement pour découvrir chacune de ses chouettes facettes. Visiblement faite-maison, cette revue photocopiée ne cherche pas à en mettre plein la vue, à briquer son apparence comme on fait rutiler une carrosserie. Elle se donne pour ce qu’elle est : bricolée, artisanale, sans prétention aucune. Mais pas sans louable intention.

 

Ce qu’elle propose ? « Des petites formes critiques » qui toutes évoquent des coups de cœur littéraires. Ce n’est pas le genre canonique du compte-rendu qui est privilégié ici, non, c’est autre chose. Jugez plutôt : l’horoscope littéraire pour Marie-Jeanne Zenetti, le recours à l’IA pour Lily Robert-Foley, l’écriture manuscrite pour Robine Tairisol (un pseudo ?) ou encore la libre chronique, par Claire Paulian elle-même, assortie de suggestions « d’activités touristiques et immobilières ». Ainsi nous parle-t-on de Bassoléa ou de l’herbe dans le ventre de Juliette Mézenc, de Gaiamen de Vincent Broqua, de La Machine de Perec & Helmlé et d’un quatrième bouquin qui apparemment n’existe que dans la caboche hallucinée de Chat GPT…

 

S’éloignant de la recension classique et plan-plan, La Feuillue, selon son terme, « feuillule » donc à merveille pour partager ses lectures. Tout ceci est fort plaisant et on est assez curieux de voir comment la chose va évoluer. En prenant du volume (choix d’un autre format ou d’une pagination un peu plus étoffée) ? En introduisant la couleur (pour attirer davantage l’œil et s’égayer un chouïa) ? Ou au contraire en se maintenant telle quelle mordicus, tout en bidouille facétieuse ? Qui lira verra, feuilleton à suivre !

 

Anthony Dufraisse