Lire Jean Paulhan

 

Créé en 1978, le Bulletin de la Société des Lecteurs de Jean Paulhan opère sa mue : il devient revue mais se dit Lettre, à moins qu’il ne se nomme décidément Jean Paulhan et ses environs. Faut-il détecter quelque subtilité rhétorique paulhanienne dans ce trouble de l’identité ? En tout cas, il s’agit bien d’un numéro 1 qui se trouve entre nos mains, fort joliment édité et illustré d’abondance par des pièces d’archives puisées à la meilleure source, l’IMEC où elles sont déposées et généreusement valorisées par Claire Paulhan. Bernard Baillaud, le Président de la société souligne qu’entre bulletin et lettre, il n’y a pas de coupure mais un enrichissement grâce à la publication d’ensembles thématiques. Pour toujours faire lire : « ni Jean Paulhan n’en a tout à fait fini avec la littérature, ni la littérature n’en a du tout fini avec Jean Paulhan ». Et pour ne pas finir, commencer par un des aspects les moins connus de son travail : le recueil pendant son séjour à Madagascar  (1907-1910) des Hain-Teny, poésies populaires malgaches, obscures et codées : « les hain-teny ont leur secret. Ce sont des poèmes doubles, dont le sens caché [relève] d’une logique proverbiale, stricte et sévère ». De retour à Paris, il enseignera d’ailleurs quelque temps la langue malgache, il publie un recueil de proverbes en 1913 et reviendra sur cette poésie obscure dans Commerce en 1930. Rien donc d’une occupation de dilettante dans cette collecte mais déjà à l’œuvre et dans l’œuvre de Paulhan le question du langage qui ne cessera de hanter l’auteur des Fleurs de Tarbes. Sous la lettre/revue, le bulletin continue de rendre compte de l’actualité Paulhan et de la vie de la société. En ouverture de la dernière assemblée générale, le Président, lyrique : « …ainsi serons-nous encore, je l’espère bien, comme les branches des pommiers en fleurs. » Des fleurs, des fruits et des gâteaux : l’assemblée s’achève par un buffet, confectionné dans l’amitié, « avec nos remerciements pour les généreux donateurs ainsi que pour les pâtissiers et cuisiniers surprenants dont Patricia Sustrac*, avec son gâteau (photo à l’appui) sur lequel figurait le nom de Jean Paulhan. »

 

André Chabin

* accessoirement animatrice des Cahiers Max Jacob.