Réseaux : « Autour d’Axel Honneth »

Axel Honnet, SPÖ Presse und Kommunikation, 2016

 

Héritier de la théorie critique de l’école de Francfort, Axel Honneth construit une des œuvres les plus marquantes des trois dernières décennies. Depuis la parution de sa théorie de la reconnaissance, chacun de ses livres est attendu par un lectorat de plus en plus large – ainsi des deux volumes de Ce que social veut dire (2013 et 2015) et de son Droit de la liberté (2015). Réseaux .Communication, technologie, société vient de lui consacrer un long dossier dans son numéro de décembre 2015 (volume 33, n° 193). Cette revue est attentive à cette pensée ; dans un numéro précédent elle avait employé le cadre théorique honnethien pour interroger la thématique visibilité/invisibilité. Cette nouvelle livraison propose de questionner le thème large « reconnaissance et communication » à travers quatre études sur l’œuvre du penseur allemand. Louis Carré examine par exemple la contribution d’Honneth à la théorie de l’espace public, dans les sillons d’Adorno, Horkheimer et Habermas. « Les maladies de la société », un texte inédit d’Axel Honneth accompagne ce numéro. Il y poursuit sa réflexion sur le « concept presque impossible » de pathologies sociales auquel il avait consacré un ouvrage en 2006.

 

La rubrique « varia » publie une intéressante étude sur la presse en ligne et les « communautés cognitives » qu’elle créé et suscite. Le cas étudié par Guillaume Carbou est celui des commentaires concernant l’affaire DSK sur les sites atlantico.fr et l’humanité.fr. Cette étude des « sédimentations idéologiques sur le web » se satisfait d’ouvrir des voies de recherches intéressantes « pour ce qui pourrait être de la fouille d’opinion qualitative »…

 

Comme toute revue scientifique, Réseaux publie enfin des recensions approfondies dont on retiendra en particulier celle que Marie Benedetto-Meyer consacre au livre de Franck Cochoy, Aux origines du libre service (2014). Ce dernier étudie le processus de modernisation des épiceries américaines passant peu à peu au libre-service. La source de cet essai d’archéologie du temps présent n’est autre que la collection complète de la revue Progressive Grocer, source d’information des épiciers de l’époque. Ce périodique gratuit, financé par la publicité, accompagne la modernisation et la métamorphose de l’épicerie de 1922 à 1959… Preuve supplémentaire de l’intérêt de conserver les vieilles revues en magasin !

 

François Bordes