Revue Giono, n°8

 

Décidément, peu de cahiers d’amis peuvent rivaliser avec celui produit par l’Association des Amis de jean Giono. Profuse et somptueuse, la Revue Giono (n° 8-2014-2015) en apporte une nouvelle démonstration. Qui dit mieux : près de 160 pages d’inédits. Trois courts textes dont l’un aux accents pacifistes (en fait paru en juillet 39 dans une revue obscure Vivre-Les Cahiers vivarois) : « Nous sommes au moment décisif de notre grande bataille pour la paix » écrit-il ainsi en 1939 ! La guerre encore mais la première cette fois avec les lettres (1915-1919) que le jeune soldat écrit à sa famille, en particulier son père et sa mère « mes chers vieux chéris ». Enfin, livré en feuilleton, ce sont les années 1957-1958 de son journal qui sont données à lire : nous voici dans l’antichambre de l’œuvre, les projets d’écriture s’y tressent, les personnages – ah, Angelo ! – y trouvent chair et âme. A l’œuvre aussi, le lecteur insatiable (Thomas Mann, Larbaud, Robert Musil, Diderot, mais aussi Maurice Leblanc…).

 

Une voix, la plus proche, succède à celle de l’auteur de Colline, celle d’Élise, sa femme pendant 50 ans, dont la publication des souvenirs s’achève ici : tendres et parfois critiques, les propos montrent le personnage dans les goûts, les travers, les convictions de cet « incurable distrait », définitivement mystérieux aux yeux de celle qui l’a accompagné si longtemps.

 

Une respiration photographique – « Dialogue photographique avec Jean Giono » – , un détour pictural – pour un texte, La Recherche de la pureté, illustré par Bernard Buffet, alors compagnon de Pierre Bergé que Giono accueillit et hébergea – précède une série de 8 études critiques. Il faut ainsi près de 350 pages à la revue pour nous donner le salut.

 

Vincent Dunois