Une nouvelle revue de quarante ans : Le Chasse-Marée

 

Est-ce parce qu’il est au bout du monde, au bout du Finistère que nous l’avons ignoré jusqu’alors ?

 

Mais il ne nous avait pas non plus fait signe, Le Chasse-marée. C’est à l’occasion de ses quarante ans qu’il s’annonce à Ent’revues, avec une maquette renouvelée. C’est pour la revue du monde maritime un bon moment pour se repenser.

 

Elle cherche  – tout comme le fait Ent’revues, souvent – à se définir. Le communiqué de presse, au troisième paragraphe, indique « Le nouveau format en mook – mi-livre, mi-magazine » et cite le rédacteur-en-chef Gwendal Jaffry : « Nous croyons à un journalisme du temps long, du propos juste, fouillé et richement illustré. » Alors oui, un mook !

 

Mais, ouvrant l’objet, le même signe l’éditorial titré « Irréductible » et qui commence ainsi : « “ C’est quoi, Le Chasse-Marée ?” Près de quarante après la création du titre, quand on nous pose cette question, disons-le franchement, on peut se réjouir qu’il ne soit pas trop facile de nous ranger facilement dans une case !

 

« Bien sûr, il y a des certitudes. Le Chasse-Marée, c’est assurément une revue plutôt qu’un magazine, et nos lecteurs ne s’y trompent pas, comme en témoignent ces collections qu’ils constituent afin de s’y référer régulièrement. Plus précisément, une revue maritime et fluviale, cela s’entend. Ensuite ? Eh bien, c’est un monde de possibles qui s’ouvre, sans limite, la soif de découvrir étant un très bon guide… »

 

Rien que pour ces questions – et cette certitude –, Le Chasse-Marée mérite de rejoindre Ent’revues.

 

Alors, laissons-nous aller à la soif.

 

Et ouvrons ce numéro 318, sous sa couverture ornée d’une photographie d’un moliceiro, un de ces bateaux magnifiquement bariolés du Portugal, et précisément de la ria d’Aveiro, qui font l’objet d’un article.

 

Les illustrations sont riches, faisant part quasi égale aux paysages et aux portraits. Le monde maritime mériterait un pluriel, tant sont diverses les entrées. La loi Littoral, si importante pour les paysages de nos côtes, ouvre le numéro. L’aventure est présente par le périple de Adrien Clémenceau qui descend en trois mois la Volga en kayak, et revient avec des images superbes. Deux portraits en littérature : « En mer avec Simenon » et un extrait de l’œuvre de Joseph Ponthus qui écrit en vers libres sa vie d’ouvrier dans un atelier de marée, « À la ligne ».

 

De l’atelier aux produits : des pages sont consacrées à la coquille Saint-Jacques qui, plus qu’un fruit (de mer) succulent, est témoin de l’histoire de l’océan, et lanceuse d’alerte.

 

L’histoire est présente, avec la « Chronique d’un archipel perdu » : les Kerguelen, loin des côtes de Bretagne, au milieu de l’océan Indien, îles battues par les vents, dans un climat glacial, envahie par les rennes de Suède (!).

 

« Quelle idée, ma douce Hélène
De t’exiler aux îles des Kerguelen » (spéciale dédicace)

 

La revue se complète d’un cahier de nouvelles où se retrouve la variété des approches, portraits, paysages, analyses, brèves. Un beau travail, réalisé depuis Douarnenez.

 

Yannick Kéravec

Coordonnées de la revue