Ça sent le sapin (ou Pépère Noël s’interroge)

Bientôt Noël. Ouais, déjà. Vous je ne sais pas, mais moi, pour les cadeaux, je m’y prends tôt. Suis pas du genre à me réveiller à la toute dernière minute et, dans un état proche de la panique, à courir les magasins à quelques heures du réveillon. Non, non, non : j’an-ti-ci-pe. Je fais mes emplettes bien en amont de la Sainte Manifestation Enguirlandée. Oui, voilà, je suis prévoyant, le genre Pépère Noël ; lentement mais sûrement.

 

 

Avant, j’offrais à la famille et aux amis des beaux-livres. Et croyez-moi, je cassais ma tirelire parce que j’achetais du lourd, du pavé, du parpaing de papier glacé. Mais ça, c’était avant, comme dit la pub d’un certain opticien. Oui, avant qu’une connaissance travaillant pour un magazine littéraire (je tairai les noms, et de la connaissance et du magazine) ne m’affirme récemment, catégorique, qu’offrir des beaux-livres est un truc de bobo. « Le » truc de bobo par excellence, même. Ah bon, vraiment ? Mince alors, depuis toutes ces années n’étais-je donc qu’un bobo qui s’ignorait ? Ça m’a fait l’effet d’une grande claque dans la g… Et moi qui pensais bien faire en empaquetant soigneusement ces beaux-livres de papier kraft décoré à la main, et en les disposant au pied du sapin en un empilement savamment équilibré : j’avais tout faux ! Un peu sous le choc de cette révélation, j’ai forcément cogité. Et après une rapide remise en question, j’ai tiré un trait rageur sur mes bonnes vieilles habitudes. Fini les bo-beaux-livres, ter-mi-né ; cette année, c’est décidé, ce sera revues pour tout le monde !

 

Seulement voilà : comment s’y prendre pour personnaliser les présents ? Faut-il se contenter d’offrir une revue en rapport avec les centres d’intérêts de celui-ci, de celle-là ? Ou doit-on  résolument chercher à surprendre, en offrant quelque chose sans rapport aucun avec la vie et les hobbys du destinataire ? Vraies questions, ça. Qui me turlupinent. Opter pour la première façon de faire, c’est aller au plus simple, au plus fastoche ; il n’y a aucune originalité là-dedans. C’est un cadeau téléphoné, prévisible, bref, un non-cadeau. Choisir la seconde manière est autrement plus glissant. C’est prendre le risque de voir son cadeau mal reçu ou mal interprété (oh la tête du macho qui reçoit un exemplaire de Chic Fille…), ce qui au fond revient un peu au même, et de le retrouver le lendemain, illico presto, bradé sur le Bon Coin… Que faire alors ? Je m’interroge. À J-35 du Grand Événement Coniférien, j’en suis toujours au stade de la cogitation et ne sais pas encore comment je vais procéder. Mais ce qui est sûr c’est que, quelle que soit finalement ma décision, l’économie des revues se portera un peu mieux grâce à moi en cette fin d’année. Et ça, c’est un peu le miracle de Noël.

 

Léo Byne

 

[NDLR : pour un cadeau semestriel, voici d’ailleurs un bulletin d’abonnement à La Revue des revues, à toutes fins utiles.]