Ma vie en revue par Dominique Panchèvre

Un texte gourmand qui dévore, au fil des âges, les pages des magazines puis des revues, une traversée du temps intime au cours de laquelle le goût des mots, la fragile ardeur des revues sont vins nouveaux, frais et vivifiants : ils délient la mémoire. Celle de Dominique Panchèvre, directeur de l’Agence régionale du livre et de la lecture de (Haute-)Normandie, alerte, diserte et pleine de verve, nous déroule avec bonheur sa vie en revues : qu’elle dure aussi curieuse longtemps encore et merci à lui!

LE BIBERON CURIEUX

Milieu des années soixante, premier contact avec le monde des revues : Le Crapouillot, faussement destiné à l’Enfer de la bibliothèque familiale. À la fois indicateur feutré de l’esprit rebelle paternel, cultivant pêle-mêle anticléricalisme, méfiance à l’égard des puissants comme du communisme et recherche d’articles d’investigation, la publication m’est strictement interdite. Mais l’Enfer n’étant pas vraiment verrouillé, je me délecte un peu avant mes dix ans de titres aussi excitants qu’incompréhensibles à l’époque, tels Les pédérastes ou Les francs-maçons. Revue curieuse, née comme Le Canard Enchaîné en 1915 pour dire les tranchées autrement que par la voix honteuse des généraux de l’arrière, Le Crapouillot s’est éteint avec le dernier siècle. Il fut tantôt taxé d’anarchiste – même de droite –, de feuille maurassienne, de révolutionnaire, tant les journalistes qui y ont contribué provenaient d’horizons divers. Son heure de gloire non suspecte pourrait se situer dans les années vingt, où il devient résolument une revue littéraire et artistique sous-titrée « arts, lettres, spectacles » regroupant des écrivains non conformistes comme Pierre Mac Orlan et Claude Blanchard, et des dessinateurs tels Dunoyer de Segonzac ou Jean Oberlé. Le ton du journal deviendra plus historique et plus politique après la Seconde Guerre mondiale et on peut dire que la direction de Jean-Jacques Pauvert marquera la fin de ce pluralisme étonnant. En effet, le virage de soixante-huit marque l’ancrage – l’encrage – bien à droite des équipes dirigeantes, le journal est même vendu à Minute. C’est à cette période que je transgresse l’interdit familial… Mon père sera sauvé de cette dérive droitière, lira désormais Le Canard et votera Mitterrand après avoir – par sécurité – voté De Gaulle, Pompidou et Giscard. Presque cinquante années après, un pas décisif fut franchi : si Le Canard est toujours lu, Le Monde diplomatique a rejoint son panthéon. Le fils est comblé, il a le sentiment d’avoir infléchi l’éducation de son père, qui, après un séjour au Canada au début des années soixante-dix, lit également Newsweek chaque semaine, dans son jus américain. Bravo papa !

Pendant les Trente Glorieuses, les rôles sont clairement répartis : le père se cultive et se détend après l’enchaînement des trois-huit dans les ateliers Michelin, la mère s’occupe de l’éducation des enfants (et de tout le reste, évidemment). Ainsi, notre édification à ma sœur et à moi, prend le chemin de la lecture ; les cadeaux de Noël et d’anniversaire sont des livres. Je conserve précieusement les exemplaires faussement luxueux du Bossu et de David Copperfield, offerts l’année de mes dix ans. Mais l’élévation par l’éducation passe par la régularité de la lecture ; quoi de mieux qu’une revue hebdomadaire ou mensuelle pour satisfaire cette présence continue des textes à nos côtés ? Après la tentative du Journal de Mickey, dont seule la rubrique « Pim, Pam, Poum » m’intéressait vraiment, journal que mon père, autodidacte impénitent, dévorait avec la même avidité que Le Crapouillot, ma mère m’abonne à Record. Douze numéros par an pour seulement 11 francs, proposés par l’éditeur catholique Bayard qui cherche à se renouveler en s’inspirant de la formule qui faisait le succès de Pilote : La Bonne presse s’associe alors à Dargaud – mariage de raison, évidemment – avec des auteurs comme Goscinny et Bretécher, qui migreront tous les deux vers Pilote. Un peu plus tard, ma sœur n’est guère plus gâtée question ouverture d’esprit et devra affronter Lisette, parangon de l’école de la bonne femme au foyer, issu des Éditions Montsouris…

Comme Goscinny et Bretécher, je passerai à Pilote ; puis me radicaliserai en me délectant de Hara-Kiri et de Charlie.

ÂPRE EN TISSAGE

Passons rapidement sur l’époque du lycée ou sur celle de mes études scientifiques où il est de bon ton de marquer ostensiblement son appartenance au monde des intellectuels et des révoltés, et d’afficher – toujours aux côtés de Charlie, évidemment – de façon la plus visible qui soit, les revues Esprit, Tel Quel, Les Cahiers du Cinéma ou encore, le vendredi, Le Monde bien ouvert à la page du « Monde des livres ». En études scientifiques, je n’oublie pas non plus de lire Pour la science, la version française de Scientific American.

Il y eut même une tentative de collaboration avec la rédaction d’articles pour une revue bricolée, à volonté hautement pédagogique et confidentielle, destinée à élever les consciences citoyennes sur des sujets liés à la nature : les plantes, les animaux, etc. Le Mulot, tel était son nom. Parenthèse éphémère…

L’addiction viendra dans les années quatre-vingt, addiction dont jamais je ne pourrai me défaire, avec Télérama, Première et Actuel. En effet, à l’aube de la trentaine, modeste chimiste, ma révolution culturelle fait feu de tout bois : création de la première radio libre autorisée à Clermont-Ferrand, Sur les ondes de Glapur (Groupe Libre Amateur pour la Propagation Unilatérale du Rêve), membre suractif du CLAP 7 qui réalise des films en super 8 et en vidéo, création de Gamjazz – au parfum de plantes fumées – qui organise des concert de jazz, avec rien moins que Denis Badault, le groupe Abus dangereux, Francis Lockwood ou encore le mythique duo Archie Shepp et Horace Parlan, fidèle administrateur du théâtre Le Petit Vélo, assistant à tous les spectacles, rencontrant tous les artistes, régisseur son d’une compagnie de danse, et écumant tout ce que la ville proposait de spectacles, de films et de rencontres. Une overdose joyeuse, riche et nourricière qui aura pénétré les cellules les plus enfouies de mon être, et ce de manière irréversible.

Je lâcherai Télérama et Première, trop convenus à mon goût, mais garderai collé à la peau Actuel jusqu’au dernier numéro paru en décembre 1994. actuelCette revue reste pour moi le seul magazine ambitieux de reportages d’investigation ou de société, souvent décalés, insolents, surprenants, sur des sujets totalement inédits. L’esprit Actuel aura sans nul doute influencé les débuts de Canal+, hélas dissout maintenant dans le conglomérat financier des patrons du CAC 40. Il m’est impossible de penser à Actuel sans sentir monter une larme au parfum nostalgique d’un paradis perdu.

GRAND ET TOUJOURS ACCRO

La chimie, puis la gestion de la qualité et l’informatique ayant eu raison de mes limites à travailler en entreprise, le recentrage à la mi-espérance de vie s’opère en direction du livre, de la lecture et des écritures. Et là, les écrivains que j’avais lus – ceux qui étaient encore en vie – je les rencontre, les croise, les invite ; ils vont en prison et ce sont des catharsis, pour eux, pour les détenus comme pour moi ; ils sillonnent les campagnes et les villes et je les accompagne, occasion rêvée pour partager de bons flacons, se délecter des paysages traversés lors de balades, leur faire rencontrer des lecteurs de tous horizons, parler, parler et encore parler. Marie-Hélène Lafon échangera sur le rôle du point-virgule chez Flaubert avec le cerveau d’Action directe à la Maison centrale de Moulins, tandis que Lionel Bourg lira Mortes pierres ou L’immensité restreinte où je vais piétinant dans un village perdu de Haute-Loire, avant un repas joyeux et arrosé préparé par les villageois.

À l’automne 1985 paraît le premier numéro de la revue littéraire Théodore BalmoralTheodoreBalmoral71. On y trouve le texte d’un écrivain qui vient de publier son premier récit – et pas loin d’être le meilleur, à mon goût – Les Vies minuscules : c’est Pierre Michon qui donne « Dans le midi » à cette revue alors inconnue. Depuis toujours, Thierry Bouchard qui la dirige n’a eu de cesse de publier des écrivains contemporains comme Jude Stéfan, Antoine Émaz, Michel C. Thomas, Pierre Bergounioux, Jacques Réda, Christian Garcin et tant d’autres, aux côtés d’articles critiques et d’extraits de correspondances entre écrivains. Théodore Balmoral, c’est La N.R.F. en moins parisien, en plus curieux et en tout aussi sérieux.

Évoquer Théodore Balmoral, c’est dire l’incontestable et l’essentiel apport que constituent les revues dans l’émergence des écrivains, la liberté des thèmes et des points de vue, et notamment dans le domaine littéraire ou celui de la philosophie. Du coup, comme le dit si bien Jean-Claude Carrière, « je vis par curiosité ». C’est ma seconde nature – vous ne saurez rien de ma première. Dès lors, je n’ai de cesse de m’intéresser à ce mode de publication riche et foisonnant. Impossible ici d’écrire tout ce que les revues m’ont apporté de découvertes, de satisfactions et d’émerveillements, tant d’un point de vue professionnel que personnel, sans sombrer dans un inventaire à la Prévert. Je n’en dirai que les plus saillantes, auxquelles je suis abonné.

Dire d’abord mon admiration pour La Femelle du requin,LFDR41_couv qui aborde la littérature sous une apparence posée, en proposant chaque fois deux grands entretiens avec des écrivains, illustrés merveilleusement par les photographes de l’agence Tendance floue, avec des notes de lecture et une bibliographie très détaillée, le tout accompagné de textes inédits, d’auteurs connus ou inconnus. Comment ne pas considérer cette publication comme une forme de nécessité éditoriale lorsqu’on lit le numéro consacré à Christian  Garcin et Xavier Hanotte, ou celui qui dévoile si intelligemment Javier Cercas et David Vann ?
Dans un autre style, résolument orientée vers la découverte d’auteurs émergents, avec Jean-Marc Flapp aux manettes, DISSONANCES (avec le deuxième « S » inversé dans sa graphie), est une revue thématique : « ailleurs », « tabou », « orgasmes », dont les images au fil des textes sont chaque fois confiées à un plasticien ou à un illustrateur, puis mises en lumière dans un portfolio. orgasmesOn y trouve également la rubrique « dissection », questionnaire serré à un écrivain ; « disjonction », plusieurs critiques contradictoires et complémentaires à propos d’un ouvrage ; « dissidences », petite série de coups de cœur de la rédaction ; « digression », qui nous incite à aller voir ailleurs.

Puis, un jour, je croise André Pangrani au Centre national du livre, justement lors d’une rencontre passionnante autour des revues. Est-ce sa conviction et sa verve oratoire qui n’ont d’égale que sa consommation de cigarettes, ou le personnage tout entier, qui m’ont convaincu de souscrire au premier numéro d’une revue encore dans les limbes ? C’est Kanyar, qui « a l’ambition folle et modeste d’embrasser les singularités du monde, d’où qu’elles viennent et quelle que soit la langue dans laquelle elles souhaitent nous, vous parler », dit Pangrani. Il est un zoréol, mi-zoreil mi-réunionnais, un pied à La Réunion, l’autre à Paris.Kanyar n° 4 Il fait une belle place à la littérature de cette grande île, sans exclure les autres. Ce sont des nouvelles et, dans chaque livraison, un texte est à la fois présenté dans sa langue originale et dans sa traduction française. Revue résolument « papier », en noir, où seule la couverture est « image », et à elle seule une véritable œuvre d’art.

Vingt ans après la disparition d’Actuel, je désespérais de retrouver son ton stimulant. Deux revues récentes m’ont convaincu qu’il n’y a pas de génération perdue : Gonzaï et, dans une moindre mesure quoique plus littéraire, Revue Métèque.

Fondée en 2007, la publication numérique Gonzaï traite de l’actualité directe. En 2013, une version bimestrielle papier voit le jour, financée exclusivement par la contribution des lecteurs via le site Ullule, « pour le prix d’un paquet de cigarettes : 7 € ». Sous-titre : « seul le détail compte » ; devise : « des faits, des freaks et du fun ». Le magazine fait une centaine de pages, et contient de grands entretiens de personnalités célèbres ou inconnues, des portraits, des récits, des critiques artistiques et des articles allant de la réflexion sociale au burlesque, tirant souvent vers l’insolite voire la provocation. Il met à l’honneur les vrais héros de la contre-culture d’hier et de demain, les hommes de l’ombre, les rebelles et les bras cassés de la pop. Depuis février 2016, il paraît en kiosque, montrant ainsi, à la fois grâce la pertinence de ses contenus qui tranchent nettement avec les variantes publicitaires siamoises de la presse de société, et une maîtrise savamment communiquée du financement participatif, qu’il existe une place attendue pour d’autres regards.

Revue Métèque, portée à bout de bras par le fantasque peintre Jean-François Dalle, est bien une revue littéraire, dans son acception la plus noble ; son sous-titre donne le ton : « Advienne que pourrave ». Chaque numéro semble être le dernier, puis il ressuscite – pour le moment, et pour notre plus grand plaisir – après les affres de l’incertitude, partagées par son pilote et par ses lecteurs. Laissons à Jean-François Dalle le soin de la présenter : « Métèque ne possède aucun antonyme. Comme si la langue elle-même le reléguait plus encore en lui refusant un adversaire. Revue Métèque n° 0Le métèque ? Il ne se définit qu’en opposition au citoyen légitime. Cette double peine m’arrange, en un sens. Cette revue veut n’engranger que les couacs. Il y a une raison valable, loin de toute afféterie : nous crevons tous de manque. Toutes nos Valda restent coincées. Qui pourra dire qu’il est libre ? Qui prétendra qu’il est débarrassé du nœud qui le garrotte ? Est donc métèque celui pour qui la vie est difficilement respirable, mais qui ne se laisse pas asphyxier pour autant. » Articulée – voire désarticulée – autour d’une thématique (« Papa maman », « Lettres d’adieu », « Coming out »), elle donne une parole franchement libre de toute contrainte aux auteurs et aux illustrateurs, dans un faux chaos de mise en page savamment étudié et en parfait accord avec les textes. Rappelons à toutes fins utiles que Chaos, dans la mythologie grecque, est une entité primordiale d’où naît l’univers ; du chaos de Revue Métèque naît une littérature neuve, et c’est jubilatoire.

Cet article pourrait durer des pages et des pages. D’autant que j’ai découvert le Salon de la revue il y a quelques années, et André Chabin (qui va avec). Ne cherchant pas à manier la brosse à reluire, je ne dirai ici rien de tout le bien que je pense d’Ent’revues ou dudit André. Cela dit, il en existe quelques autres (de revues) que je ne peux passer sous silence.

Les Carnets d’Eucharis, revue dirigée par Nathalie Riera, en version numérique et depuis quatre numéros en une version en papier annuelle, diffusée par souscription. Publication d’une grande rigueur, très fouillée, avec dossier thématique, où brille toujours la générosité de celle qui la porte ; sous-titre et devise définissant parfaitement le ton de la revue : « vibrations de langue et d’encre ».carnetsd'eucharisLa première livraison papier rendait un hommage émouvant à Susan Sontag, la troisième à Paul Auster, autour de son écriture poétique. Nous attendons avec impatience la livraison de 2016 qui proposera un hommage à Charles Racine et le premier volet de « Portraits de poètes ».

La revue 303, éditée avec le soutien de la Région Pays-de-Loire, propose de véritables monographies sur les thèmes de l’art, de la recherche et de la création. Grand format couleur extrêmement soigné dans sa fabrication, elle réussit à chaque livraison le pari d’associer en un document cohérent analyses les plus pointues, textes abordables et créations, le tout accompagné d’une iconographie de qualité. 303LOIREQuelques grands moments qui sont désormais des références, les numéros consacrés à la Loire (75), Agnès Varda (92), Alfred Jarry (95), Julien Gracq (98), Architecture(s) du XXe siècle et reconversion(s) (111), ou plus récemment, De la vigne au vin (139), sans oublier les nombreux numéros consacrés au thème de l’estuaire.

Chère à mes nourritures littéraires, The Black Herald, revue bilingue, rigoureuse et élégante, conduite par Blandine Longre et Paul Stubbs, place la traduction au centre du propos. L’anglais / anglo-américain, l’espagnol, le russe, le français jouent l’un vers l’autre, parfois l’un dans l’autre pour instruire le sens et la beauté de poèmes ou la précision d’essais critiques de haute qualité sous un thème sous-jacent. À lire sans aucune modération.

Il serait inconcevable de terminer ce papier sans aborder une autre source prolifique, celle proposée désormais par Internet et les outils du Web : un article entier n’y suffirait pas ! La poésie y est beaucoup représentée ; un petit coup de cœur pour Les États-civils étatscivilequi présentent des créations poétiques et des textes courts inspirés d’existences contrariées. Une mention spéciale pour Strabic.fr, revue qui explore les nouvelles possibilités du Web, en proposant des critiques, des portraits, des articles de fond autour des thématiques du design, de l’architecture, des combinaisons spatiales et de la littérature.

À l’heure des publications électroniques, il est bien délicat de statuer sur la définition d’une revue numérique. Ainsi, et ce sera mon dernier mot, de nombreux blogs d’écrivains, de chercheurs, de philosophes et d’artistes s’apparentent de facto aux revues plus traditionnelles et à leur esprit. Je n’en citerai qu’un, celui tenu par la philosophe Isabelle Parienteaux bords des mondes qui explore le questionnement philosophique au travers d’articles de réflexion, de chroniques, prenant les chemins de la poésie, s’appuyant sur un véritable travail de la langue, toujours plaçant le questionnement philosophique comme vertu cardinale de cette discipline, loin des certitudes et des affirmations péremptoires si chères aux philosophes de télévision. La lecture de ce blog m’accompagne depuis plusieurs années et entretient ma curiosité ainsi que ma soif inextinguible de ce en quoi l’écriture m’aide à réfléchir.

Si les revues naissent et meurent plus que les autres formes d’édition, elles naissent encore. Elles montrent à quel point cette forme souple de publication – encore davantage depuis l’irruption du numérique dans le paysage – est consubstantielle à la richesse des propositions d’écriture et d’expression, à l’imagination déployée par celles et ceux qui les font vivre.

Puisse le temps qu’il me reste à vivre, une fois que je serai libéré des activités professionnelles chronophages – bientôt –, me permettre de faire de la lecture des revues un espace dans lequel je pourrai m’étendre sans retenue.

Dominique Panchèvre