Mooks à part

 

 

« Coup de mook en librairie », sous ce titre Manon Quinti livre un article très documenté consacré à ce phénomène éditorial dans Livres Hebdo (n° 984, 7 février 2014). Ses interlocuteurs libraires, – elle-même employant quelques tours et détours langagiers (presse, livre-magazine) –  semblent buter sur l’identité de ces objets hybrides. Ainsi se réjouit-on de trouver dans la bouche d’untel cet étrange énoncé : « Avant, une revue était caractérisée par son côté pointu et des ventes très faibles. Cette nouvelle génération de revues  permet de capter un public plus large. » Cette nouvelle génération n’étant pas pointue – est-elle émoussée ? – elle perd de facto un trait décisif de la revue et elle gagne des lecteurs. Les « vieilles » revues auraient ainsi dû s’arrondir pour plaire davantage. Mais seraient-elles restées des revues ? On n’en sort pas… Pas comme les mooks qui ne cessent de sortir en nombre toujours plus grand – pas un mois sans qu’un nouveau-né ne fasse miroiter sa peau satinée – et bien sûr ce qui devait arriver est en train d’arriver avec la chute des ventes de plusieurs titres phares : Feuilleton, XXI même… N’importe, ils ont la côte chez les libraires : tables, étagères, vitrines, lancement, sur-remise (pensons-y les amis). Et vous dites qu’on ne fait rien pour les « revues ». Eh bien justement les revues : Dif’pop fait le constat que les mises en place des revues en librairie chutent nettement, déjà qu’elles n’étaient pas bien hautes… Et plus on apprend qu’un mook abandonné sur une table de revues y « perd de sa force ». Et voici que les vieilles pointues sont de surcroît nuisibles au commerce et faussent la saine concurrence entre mooks et mooks (Croisons les doigts pour les books ne deviennent pas gêneurs à leur tour). Tout l’article de Manon Quinti, sans l’avoir expressément voulu, achève de nous convaincre que les mooks ne sont décidément pas des revues : qu’ils et elles doivent faire table à part pour autant qu’elles en disposent. Quant aux vitrines…

 

Au fil de ce « décryptage », les revues apparaissent en creux. Les voir en plein bientôt ?

 

André Chabin

 

 

PS : Notre amie Florence Trocmé, dite Flooc, l’infatigable animatrice de Poezibao a été troublée à la lecture de mon papier : elle a cru lire MOOC alors qu’il y était question de MOOKS. Que sont donc les MOOC sinon des FLOTs? Ah bon! Miss Flooc nous éclaire :  » Massive Open Online course, francisé en Formation on line ouverte à tous ». Voici l’ambiguité réparéeDécidément,  en poésie comme en technique, Florence a toujours une longueur d’onde d’avance…