Aux frontières du réel. Considérations analytiques sur (une) Planète

par Frédéric Gai
2021, in La Revue des revues no 65

Lancée en 1961 après le succès inattendu du Matin des magiciens, la revue Planète trouve rapidement son lectorat et, en une dizaine d’années, cumule plus de deux millions d’exemplaires vendus. Hormis son format original carré et sa tenue typographique, peu de choses semblent rester de ce phénomène éditorial, qui donne naissance à un des meilleurs représentants de la contre-culture française des années 60 : le réalisme fantastique. Au-delà de l’émergence d’un discours centré sur les sciences et les littératures alternatives, il convient de prendre en compte l’élaboration d’un marché à part entière, fondé sur des innovations éditoriales et une approche résolument médiatique. Les figures singulières et parfois contestées de Jacques Bergier et Louis Pauwels, mais aussi de quelques autres personnalités influentes, remettent en perspective l’origine d’un discours que nous pourrions qualifier de « complotiste », mais à la complexité qui va au-delà des cadres définitoires : à la frontière du réel que Planète souhaitait interroger.

 

At the frontiers of reality. Analytical Considerations on (a) [Planet]

Launched in 1961 after the unexpected success of Le Matin des Magiciens, Planète magazine quickly found its readership and, in ten years, had a circulation of over than two million copies. Apart from its original square format and its typographic style, little seems to remain of this editorial phenomenon. Yet it gave birth to one of the best representatives of French counterculture in the 1960s: fantastic realism. Beyond the emergence of a discourse centered on science and alternative literatures, it is important to take into account the development of a market in its own right, based on editorial innovations and a resolutely media-centered approach. The singular and sometimes contested figures of Jacques Bergier and Louis Pauwels, but also of a few other influential personalities, put into perspective the origin of a discourse that we could qualify as “conspiratorial”, but with a complexity that goes beyond defining frames: at the frontier of a reality that Planète was intended to question.


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