Cahiers Henry Poulaille

par Jacqueline Pluet
1989, in La Revue des revues no 7

II n’était que justice de consacrer des Cahiers à ce passionné de revues que fut Poulaille qui n’eut, dans sa vie (1896-1980), pas moins d’une dizaine de titres à son actif. Ces Cahiers sont publiés par l’Association des amis d’Henry Poulaille, constituée à Cachan en octobre 1988 et destinée à faire connaître l’oeuvre de l’écrivain et à « promouvoir, dans l’esprit qui fut le sien, l’étude et la diffusion des lettres et des arts d’expression ouvrière et paysanne ».
Parmi les premiers défricheurs de la « littérature prolétarienne » au lendemain de la guerre de 14-18, Henry Poulaille fut au centre du débat sur la culture qui se tint dans les années 30. Pour lui, à côté de la littérature des «professionnels », devait naître un Nouvel âge littéraire où s’exprimeraient des hommes issus, comme lui, du peuple. Cette littérature, aux contours à la vérité assez flous, Poulaille la définissait surtout par « l’authenticité » du regard ou du témoignage. En cela, il s’opposait aux théoriciens soviétiques du Proletkult pour lesquels la littérature prolétarienne se devait d’être au service de la lutte de classes et, ce faisant, en conformité avec les canons idéologiques du parti. Mot d’ordre inadmissible pour l’anarchiste Poulaille qui ne manqua pas, concernant l’U.R.S.S., de se ranger parmi les oppositionnels antistaliniens.
Ces Cahiers proposent donc au lecteur de s’informer ou de prendre position sur « toutes les questions soulevées par l’oeuvre, l’action et l’engagement de Henry Poulaille en y associant du même coup celles et ceux qui, comme lui, ont bel et bien été formés “A l’École de la
vie“». C’est sous ce titre-manifeste que sont réunis dans ce premier numéro, dont le maître d’oeuvre est Jérôme Radwan, bibliographie (en cours), souvenirs personnels et témoignages, ainsi que trois études sur les relations d’Henry Poulaille avec Ludovic Massé, Neel Doff et Heinrich Mann, à travers leurs correspondances (celles-ci se trouvent conservées au Centre d’archives Henry Poulaille de Cachan).


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