Du surréalisme historique au surréalisme éternel : remarques sur les revues L’Archibras et Coupure,1967-1972

par Jérôme Duwa
2003, in La Revue des revues n° 34

Le mouvement surréaliste parisien s’achève en 1969 après plus de quarante ans d’activité. Ne pas laisser cette fin impensée, telle est l’intention de Jean Schuster, un des animateurs essentiels du groupe à partir des années cinquante, lorsqu’il rédige Le Quatrième chant, publié dans le journal Le Monde, le 4 octobre 1969. Dans ce manifeste, qui est aussi le fruit d’une scission intervenue quelques mois plus tôt parmi les surréalistes, Schuster avance une distinction fondamentale entre le « surréalisme historique » et le « surréalisme éternel », montrant que le mouvement qu’André Breton théorise à partir de 1924 n’est pas réductible à une simple avant-garde rivée à une époque déterminée ; en sorte qu’à la revue L’Archibras, qui livre son dernier numéro en mars 1969, Schuster entend bien, avec quelques-uns, donner une suite en tout fidèle à l’esprit du mouvement né dans l’Entre-deux-guerres : ce sera la revue Coupure (1969-1971), qui pareille à la porte jadis imaginée par Marcel Duchamp, ferme et ouvre le surréalisme, simultanément.

From historical surrealism to eternal surrealism : remarks on the periodicals L’Archibras and Coupure (1967-1972)
The Parisian surrealist movement ended in 1969 after over forty years of activity. That this end should not come about urecorded was the intention of Jean Schuster, one of the main members of the group from the 1950’s onwards, as he wrote Le Quatrième chant, published in the newspaper Le Monde on 4th October, 1969. In this manifesto, which is also the result of a split that had occurred a few months earlier among the surrealists, Schuster argued a fundamental distinction between “historical surrealism” and “eternal surrealism”, showing that the movement theorised by André Breton from 1924 onwards cannot be reduced to a mere avant-garde inextricably linked to a given period. For this reason, Schuster, amongst others, was determined, to find a successor that would remain faithful in all respects to the spirit of the movement born in the inter-war period to the periodical L’Archibras, the final issue of which was published in March 1969. This was to be the review Coupure (1969-1971), which, like the door Duchamp had imagined, simultaneously opens and closes surrealism.


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