L’Escarmouche de Georges Darien, novembre 1893-janvier 1894

par Luce Abélès
2002, in La Revue des revues no 31

Du 12 novembre 1893 au 14 janvier 1894, parurent dix numéros de L’Escarmouche fondée et intégralement rédigée par Georges Darien. Dans le contexte politique et social particulièrement propice de 1893 (affaire du Canal de Panama, grèves violemment réprimées, attentats anarchistes), cet hebdomadaire se situe entre le journal de combat et la feuille satirique. L’antiparlementarisme viscéral et la hargne envers la bourgeoisie sont les constantes de L’Escarmouche qui n’épargne pas non plus les notables des lettres, aussi bien Francisque Sarcey que Maupassant ou Zola, souvent tournés en dérision à la faveur d’interviews imaginaires. L’intervention d’illustrateurs alors représentants de l’avant-garde – Ibels, Steinlen, Toulouse-Lautrec, le plus fidèle, Bonnard… – distingue L’Escarmouche des autres publications illustrées de l’époque : en effet, les sujets que les artistes traitent sont sans rapports avec le contenu du journal. Mais tous se risquent à l’expérimentation formelle et s’attachent à saisir la vie quotidienne sous un angle humoristique, proches en cela de l’esthétique de Darien.

L’Escarmouche, a weekly review by George Darien
From November 12th 1893 to January 14th 1894, ten issues of L’Escarmouche, a review founded and edited by George Darien, were published. In the particularly favourable political and social context of the year 1893 (the Panama Canal affair ; fiercely repressed strikes ; anarchist aggressions), the weekly publication is half way between a committed and a satirical paper. The constant distinguishing features of L’Escarmouche are deep antiparliamentarism and hatred of the upper middle-class and the establishment, including established writers such as Francisque Sarcey, Maupassant or Zola, all of them derided in imaginary interviews. The part played by illustrators who were members of the avant-garde – Ibels, Steinlen, Toulouse-Lautrec, the most regular, or Bonnard – distinguishes L’Escarmouche from other illustrated magazines of the time : while the subjects pictured by the artists are totally disconnected from the contents of the review, all of these artists experiment new patterns and endeavour to catch the contemporary daily life from a humoristic angle, thus linking themselves to Darien’s aesthetics.


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