Wyndham Lewis, de Blast à The Enemy

par Gérard-Georges Lemaire
2002, in La Revue des revues no 31

Jusqu’au début du XXe siècle, la Grande-Bretagne est assez éloignée des mouvements artistiques du continent. Ce n’est qu’en 1910 que l’impressionnisme fait une entrée fracassante sur la scène londonienne. Et en 1912, le futurisme italien enflamme le Londres artistique. En 1914, le jeune Wyndham Lewis, au talent protéiforme, à la fois peintre et écrivain, décide de fonder le Rebel Art Center afin de rassembler les artistes anglais les plus novateurs. Par-delà bien des ruptures, une avant-garde spécifiquement anglaise prend naissance. Pour diffuser ses idées, Lewis se dote d’une revue, Blast, qui milite pour le « vorticisme », qui plaide pour un art en faveur de l’individu et s’ancre dans l’esprit britannique. Entre rébellion et conformisme, le mouvement n’échappe aux contradictions de tous les mouvements d’avant-gardes de l’époque. La guerre sonne le glas de la revue qui s’arrête à la parution de son deuxième numéro en juillet 1915. En 1921, Lewis lance une nouvelle revue, The Tyro, qui ne connaîtra elle aussi que deux livraisons : l’autoportrait grimaçant et arrogant qui l’illustre est bien le symbole du projet de la revue. En 1927, il crée enfin The Enemy dans laquelle il attaque les « institutions » littéraires de la modernité, en particulier G. Stein et J. Joyce. Son 3e et dernier numéro en 1929 est une défense et illustration de Lewis par lui-même : il a fait, autour de lui, le vide le plus complet.

Wyndham Lewis : from Blast to The Enemy
As late as the early twentieth century, Great Britain has kept rather aloof trom the artistic movements of the Continent. Not until 1910 does the French Impressionist School break in on the London scene. And in 1912 Italian Futurism sets the London art world on fire. In 1914, the young Wyndham Lewis, with his many talents as both a painter and a writer, decides to found the Rebel Art Center in order to gather the most progressive English artists. In spite of a few disagreements, a genuinely English avant-garde comes to life. In order to spread his ideas, Lewis uses a review, Blast, committed to « vorticism » and based upon the British spirit. Between rebellion and conformism, the movement suffers the contradictions of all the avant-garde movements of the time. The review is stopped in July 1915, some time after the start of the First World War ; it has published only two issues. In 1921, Lewis launches a new review, The Tyro, which, again, will not go beyond two issues ; the grimacing and haughty self-portrait of the top cover gives a clear idea of the purpose of the review. In 1927, he creates The Enemy, in which he attacks the literary « institutions » of modernity, especially Gertrude Stein and James Joyce. The third and last issue of the review, published in 1929, is a defence and illustration of Lewis by himself : by that time, the literary world around him has cleared away.


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