Abdelwahab Meddeb et Dédale

Abdelwahab Meddeb

 

668 pages : ce fut pour une dernière fois à la fin de l’année 2000, l’impressionnant volume du dernier numéro double (11 & 12) de la revue Dédale qu’Abdelwahab Meddeb, disparu ce 6 novembre 2014, avait créé en 1995. Une entreprise de lumière plus que jamais précieuse quand plus qu’hier encore les porteurs de nuit guettent et menacent.

 

Il la présentait ainsi :  «Voici venu le temps de mettre à l’épreuve toutes les références en les faisant circuler, à leurs risques et périls, sur les voies de l’errance, intégrant l’aventure de la mondialisation, qui fait tant peur aux tendances grégaires prônant le repli sur soi. Tel est le dessein de Dédale : sortir les références hors de leurs frontières afin qu’elles participent à la fondation d’un sens commun élargi, établi dans la confrontation des traditions avec le savoir et les méthodes que propose le continent de la modernité. Notre théâtre sera la mer médiane, de l’une à l’autre rive, recevant dans la langue française les signes qui se croisent, de Grèce à Rome, d’Égypte à Maroc, d’Andalousie à l’Africa, dans la traversée des déserts et des marches vers les prolongements subsahariens et asiatiques, bravant la guerre qui sévit sur la scène commune circonscrite par ses trois continents.

 

Tel serait le multiculturalisme en acte, porté par les enfants fin de siècle, énergies qu’orientent leurs erratiques désirs, marchant sur les traces les plus anciennes, les chaussant, les déformant, les ravivant, les effaçant, quittant parfois les palimpsestes pour se pencher sur des tables vierges, inscrivant à leur tour d’inaugurales traces destinées au recouvrement, à la manipulation, à la restauration, à la dégradation, à la révélation, à la disparition, tant d’expériences de la création et de la pensée, entre la lettre et l’image, que Dédale a l’ambition d’initier et de recueillir.»

 

Les thèmes et les sommaires des numéros parus sont consultables en suivant ce lien : Dédale