De la revue au collectif : la conversation comme dispositif d’éditorialisation des communautés savantes en lettres et sciences humaines

« Si l’on s’accorde à dire que les outils numériques ont modifié en profondeur nos pratiques d’écriture et de lecture, l’influence que ces nouvelles pratiques exercent sur les contenus d’une part, et sur la structuration de notre pensée d’autre part, reste encore à déterminer.

 

 

C’est dans ce champ d’investigation que s’inscrit cette thèse, qui questionne la production des connaissances à l’époque numérique : le savoir scientifique aurait-il changé en même temps que ses modalités de production et de diffusion ? Je traiterai ce sujet à travers le prisme de la revue savante en lettres et sciences humaines, dont le modèle épistémologique, encore attaché au support papier, se voit profondément questionné par le numérique dans sa dimension technique aussi bien que culturelle. Je fais l’hypothèse que les modalités d’écriture en environnement numérique sont une opportunité pour renouer avec les idéaux de conversation scientifique qui présidaient l’invention des revues au 17e siècle. La thèse propose une réflexion en trois temps, articulée autour de trois conceptions de la revue : la revue comme format, comme espace et, tel que je le propose et le conceptualise, comme collectif.  »

 

Et ce n’est qu’un début. Il s’agit de la thèse de Nicolas Sauret, présentée et soutenue publiquement le vendredi 20 novembre 2020 à 14h en visioconférence. Elle a été co-dirigée par Marcello Vitali-Rosati, professeur au département des littératures de langue française de l’Université de Montréal et titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques et par Manuel Zacklad, professeur de Sciences de l’information et de la communication au CNAM et directeur du laboratoire Dicen-IDF. Louise Merzeau, anciennement professeure de Sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris Nanterre et co-directrice du laboratoire Dicen-IDF, a initié la co-direction en 2015 avant de décéder en juillet 2017.

 

 

La thèse a bénéficié du soutien du Labex Les passés dans le présent (contrat doctoral), de la Chaire de recherche du Canada sur les écritures numériques, du FRQSC (Programme international) et du CRIHN.

 

Elle a été déposée le 1er septembre 2020 et est diffusée depuis en libre accès ici et en PDF.

 

Nous tâcherons de reparler, sur ce site, dans les pages de La Revue des revues, de ce travail important et disponible, riche d’expérience et qui se termine par des propositions.

 

Vite relevées, parcellaires :

« Le modèle que j’imagine s’écarte radicalement de l’objet revue tel que l’histoire de l’imprimé nous l’a légué. Pour autant, mon propos n’est pas de rejeter l’ancien modèle, mais plutôt d’engager les revues et ses praticiens dans un imaginaire vers de nouvelles formes d’appropriation et de production : collectives, fragmentaires, conversationnelles. »

 

 » Car face à la « prolétarisation » réitérée au début de cette conclusion, il est effectivement urgent pour les institutions et pour l’ensemble de la communauté scientifique de s’enlettrer, d’acquérir une maîtrise minimale du milieu numérique, tant dans ses techniques que dans ses enjeux sociétaux et philosophiques, pour regagner la maîtrise de ses moyens de production. La littératie numérique constitue l’une des clés pour que les institutions de savoir à nouveau prennent soin des modalités de production et de circulation du savoir. »

 

Un auteur à suivre.