Dans le dernier numéro d’Aden, Paul Nizan et les années 30, le 19e du nom qui marque aussi les vingt ans de la revue, consacré à la question des loisirs sous le titre « Allons au-devant de la vie ! », les lecteurs de notre revue liront avec profit l’article d’Anne Mathieu sur La Gazette Dunlop dont on disait au demeurant qu’elle était « une belle revue » : la photographie y occupant au place de choix. Mensuel culturel créé en 1922 pour disparaître en 1955 par l’entreprise fabricante de pneus mais aussi de balles de tennis, cette gazette a constitué ce qu’on n’appelait pas encore un instrument de « soft power » donnant à lire et aimer une entreprise moderne, soucieuse du bien-être commun. Ainsi deux thématiques tissent-elles les fils rouges de nombre des livraisons : le tourisme et le sport.
Ce qui retient Anne Mathieu dans cette entreprise lisse, laissant à sa marge la politique, ce sont le profil des contributeurs de la publication : se mêlent à ses sommaires des écrivains et journalistes conservateurs (Pierre Dominique, Maurice Dekobra, les frères Tharaud) et nombre d’écrivains et journalistes de gauche tel Pierre Bost, un temps rédacteur en chef de Marianne, Emmanuel Berl, André Chamson, André Beucler, Pierre Scize… Anne Mathieu, autrice de Nous n’oublierons pas les poings levés, éditorialistes commentateurs antifascistes pendant la guerre d’Espagne (Syllepse, 2021), se surprend à retrouver la signature de Simone Téry, grande journaliste alors engagée sur le terrain ensanglanté de la Guerre d’Espagne dans les pages de cette publication pour y faire l’éloge du voyage en France et vers d’autres destinations plus lointaines. N’empêche qu’allaient-ils tous donc faire dans ce véhicule chaussé de pneus Dunlop ? Sans doute, réseaux de sociabilité politico-littéraire et liens amicaux furent-ils leurs billets d’entrée pour engranger quelques billets supplémentaires bienvenus.
Aden Paul Nizan et les années 30 : Allons au-devant de la vie ! La question des loisirs, n° 19, 356 p., 30 €
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