Nicole Racine et les revues

 

Les actes des journées d’hommages et d’études (6 et 7 décembre 2013) consacrées à la regrettée Nicole Racine (1937-2012), organisées sous la direction de Sophie Cœuré à l’Institut d’études politiques de Paris, viennent d’être publiés par les Cahiers Jean-Richard Bloch (no 21-2015). Historienne des intellectuels et du communisme, passionnée d’histoire et de littérature, personnalité attachante au tempérament libre et à la force tranquille – elle était « la femme des controverses douces » note Christophe Prochasson dans sa préface –, Nicole Racine se trouvait particulièrement à l’aise dans le monde des revues. Une communication de ces journées se voue spécifiquement à « La gauche et les revues de 1918 à 1939 ». Due à Marie-Cécile Bouju, spécialiste de la culture communiste, elle met en valeur l’approche de Nicole Racine pour les revues Europe et Clarté : « la revue, rouage essentiel de la sociabilité intellectuelle et lieu de création politique et littéraire », tout en cherchant à la compléter par l’approche économique et sociale défendue par Jean-Yves Mollier. Marie-Cécile Bouju présente rapidement les revues « laboratoires de l’avant-garde esthétique », surréalistes ou non, et les grandes revues de gauche, liées à de grands éditeurs ou se situant dans la mouvance socialiste. Notons que ces dernières se situent souvent dans des zones floues quant à leur fonctionnement ou à leur rattachement aux organismes politiques. La Nouvelle Revue Socialiste, « revue du socialisme international » (1925-1931) n’est pas placée sous le contrôle de la SFIO, du moins pour son fonctionnement, c’est le cas en revanche pour Révolte à partir de la fin de 1932, ce qui contribue sans doute à sa fin rapide dès septembre 1934 ! En revanche, l’article fait le point de manière précise sur les diverses revues du monde communiste, des Cahiers du bolchevisme, Clarté et Monde à Commune, La Pensée et Europe, à partir de 1936, sans oublier les éphémères Revue marxiste, avec Charles Rappoport, et Inquisitions* (un seul numéro, sous la triple direction d’Aragon, Caillois et Monnerot, Tzara étant rédacteur en chef…). Le colloque comprend d’autres fortes études, parmi lesquelles celle de Laurent Martin qui permet de revenir sur le travail en duo de Nicole Racine et Michel Trebitsch dans l’histoire des intellectuels, ainsi qu’une bibliographie des publications de l’historienne qui dessine la carte diverse et étendue des revues, lieux et milieux, bénéficiaires et appuis de ses travaux.

 

« Archives et écriture de l’histoire. Journées d’hommage à Nicole Racine »,

Cahiers Jean-Richard Bloch, no 21, 2015, 394 p., 12 €

 

En ligne sur le site de l’IHTP : http://www.ihtp.cnrs.fr/

 

Gilles Candar

 

 

*Nicole Racine avait rendu compte de la réédition en fac-similé d’Inquisitions (CNRS éditions) dans La Revue des revues n°11