« À partir de zéro » : Benoît Chantre

Dans cet article qui ouvre le dossier Péguy dans le numéro de janvier 2015 de la Revue des deux mondes, Benoît Chantre analyse le projet des Cahiers de la Quinzaine. Pour Péguy, cette revue est « un foyer de résistance à la démoralisation croissante », résistance face à un monde éditorial gangréné par la finance et le nivellement, fruit d’une concurrence éperdue, face au journal « point d’origine de la décréation ». Dans ces cahiers, « beaucoup plus d’édité que d’inédit » : il s’agit de redonner à voir et à lire, dans un geste nouveau, des textes oubliés ou inaperçus. Foin d’une d’originalité obligée qui se consume d’oubli. Dans l’atelier des Cahiers, des compagnons – lecteurs et auteurs « l’opération commune du lisant et du lu » – font vivre cette communauté spirituelle et politique, « une âme collective ». Les auteurs autant que les lecteurs qui dans l’acte de lecture deviennent auteurs doivent assurer le train de la maison commune. Une utopie de 14 ans qui buta sur le mercantilisme des auteurs/collaborateurs, leur désir d’une exposition mieux dotée et qu’emportera finalement la mort de Péguy aux premières semaines de la guerre de 1914.