Des revues aux archives : Olivier Corpet se passe en revue

 

Dans un texte court, intense et personnel, Pourquoi et comment (dans la série Le Lieu de l’archive, supplément aux Carnets de l’IMEC), Olivier Corpet raconte son IMEC, celui qu’il a cofondé en 1988 et dont il a assuré la direction, le développement et la pérennité. Celle-ci n’est jamais gagnée : il s’agit de séduire, ou mieux de convaincre et de convaincre encore financeurs et propriétaires d’archives de s’embarquer dans cette entreprise déraisonnable née de la passion et de la nécessité, devenue rapidement une institution considérable tout en préservant son caractère atypique. Après 25 années d’engagement total, grevé d’inquiétude mais riche de rencontres et de réussites, Olivier a choisi en septembre 2013 de confier les rênes à Nathalie Léger qui déjà le secondait dans la gestion de l’institut – à côté de l’indispensable Albert Dichy, le directeur littéraire et d’un autre « historique » André Derval aujourd’hui directeur des collections. Case départ : les revues. Olivier revient sur son compagnonnage avec Autogestion (rappelant le souvenir cher d’Yvon Bourdet et l’entrée en scène de Jacqueline Pluet, compagne de toutes les aventures revuistes d’Olivier), sa rubrique sur les revues dans Libération (époque Antoine de Gaudemar) puis la création d’un groupe de recherche sur les revues en 1985 à la MSH et enfin la fondation d’Ent’revues et de La Revue des revues en 1986 par la grâce d’un allié substantiel Jean Gattégno alors directeur du livre et de la lecture. « C’est mon goût immodéré des revues qui m’a donné le goût des archives » affirme Olivier qui rappelle « leur place essentielle, matricielle dans l’histoire culturelle française.» D’où bien sûr l’intérêt de leurs archives. Ne peut-on dire qu’Ent’revues est aussi l’archive – bien vivante celle-ci ! – de l’IMEC (ce que tant de gens oublient dans l’oubli même des revues) comme les revues constituent l’archive de toute pensée et écriture nouvelles ?

 

André Chabin