Disparition de Christiane Tricoit

 

Christiane Tricoit est morte ce dimanche 8 avril dans l’après-midi : c’était un dimanche d’été au cœur du printemps. Il devait faire beau aussi dans la Bretagne qu’elle s’était choisie depuis quelques années. La prodigalité d’un été inattendu comme le miroir de sa revue Passage d’encres, elle aussi lumineuse, foisonnante, ouverte à tous les vents de la création, de la réflexion, foisonnante mais ciselée avec un soin jaloux depuis sa première livraison en 1996 (je me souviens de ce jour où sans crier gare elle débarqua dans notre bureau avec son premier numéro rutilant). Ensuite et jusqu’à la disparition de la revue en 2013, ce fut fidélité partagée ; cette même fidélité qu’elle sut faire vivre avec tant d’auteurs : Jean-Claude Montel, Hubert Lucot, Jean-Pierre Faye, Yves Boudier… Mais qu’était-ce donc que Passage d’encres ? Une revue littéraire ? Une revue d’art (enrichie d’une gravure originale pour les abonnées) ? Une revue de philosophie ? de musicologie ? d’architecture ? Tout cela à la fois et bien d’autres choses encore : intrépide si bien qu’elle ne sut disparaître sans susciter des avatars (revue en ligne et son rejeton Inks) et bien sûr des livres déclinés en diverses collections : documents, trace(s), édition, d’art, trait court. Trop court, beaucoup trop court, chère Christiane : je t’embrasse.

 

André Chabin