

Soirée Nioques « Italie/Italia » (18/05/2015) : Michele Zaffarano, Alessandro Broggi, Jean-Marie Gleize à Ent’revues
« Prose en prose et poésie partout »
Un soir d’il y dix ans Ent’Revues donnait carte blanche à Jean-Marie Gleize qui présentait le numéro 14 de la revue Nioques consacré à « Italie/Italia », en compagnie des poètes Alessandro Broggi, Mario Corticelli, Marco Giovenale, Andrea Inglese, Vincenzo Ostuni et Michele Zaffarano, le coordinateur et traducteur du numéro. Ce fut une belle soirée, une fête de l’esprit et des mots, un bouquet de lectures malicieuses fixées par des photographies euphoriques.
Ce 31 décembre 2024 Alessandro Broggi est mort, âgé de 51 ans. Immense tristesse et fugaces souvenirs.
Alessandro a été membre du comité de rédaction de plusieurs revues en ligne, de L’Ulisse à Nazione Indiana véritables creusets de la création et de la recherche littéraire en ce qu’elles ont également de politique, surtout en Italie. Avec les amis écrivains figurant dans le numéro anthologique de Nioques, il avait fondé en 2006 un blog/ revue/ conglomérat qui demeure un carrefour des modernités artistiques inventif et ironique.
Publié par des éditeurs mineurs, Benway Series ou Tic edizioni — qui sont toutefois les maisons italiennes de Jean-Marie Gleize et Christophe Tarkos — Alessandro Broggi laisse une œuvre compacte, cohérente, encore opaque, qui déborde les catégories de poésie et prose. Après une trilogie de volumes qu’il qualifiait de destruens, où il mettait en évidence nos stéréotypes langagiers et conceptuels, il avait achevé une trilogie qu’il présentait comme construens, où la narration prenait le pas pour quadriller la notion du sujet.
Son travail inlassable et rigoureux de compilation de nos tics et concepts verbaux, puis de recréation à partir de ce matériau malcommode et de réappropriation de ces mots de la tribu trop usés, a été apprécié en Italie, et trouvera son lectorat ailleurs — d’abord grâce aux revues : Nioques donc, pour le moment. À suivre, espérons. Ce sera la seule manière de retrouver le regard dilaté et passionné de ce jeune homme austère avec lui-même, bienveillant avec les autres, toujours curieux. Il nous avait mis en garde : « chaque personne que nous rencontrions ou voyons est un nouveau monde possible, une biographie en cours » (Noi) – « comme une nouvelle formule de l’expérience » (Idillio)…
Isabel Violante