
Peintre, dessinateur, écrivain, Jacques Le Scanff est mort le 14 octobre à 93 ans. À ces activités de passion, il ajouta le métier d’éditeur et fonda la superbe revue Le Préau des collines en 2000.
Au fil de numéros foisonnants, elle publia des ensembles sur Marcel Cohen, Christiane Veschambre, Michèle Desbordes, Jean-Paul Michel, Pierre Bergounioux, Mohammed Kaïr Eddine… et consacra un mémorable numéro à Mathieu Bénézet, « Lettres à M.B. » en 2008.
Il écrivait au seuil du dernier numéro en 2014 : « Revue conçue à la chance, pleine de caprices, d’hésitations, en glissant une photo sous un texte, en la décollant et la recollant, espérant du hasard le bonheur d’une rencontre, marchant de travers vers une source cachée, feuilletant un cahier intérieur, y découpant un poème, abruti de stupeur devant la splendeur d’une sculpture. »
Dans cette recherche tâtonnante, « une revue se contorsionne et se construit, bête improbable qui souhaite un sourire ». Et c’est dans un sourire allumant le bleu tendre de ses yeux que Jacques Le Scanff confiait, il y a quelques années encore, qu’il ne désespérait pas de réveiller sa revue…
En 2022, il publiait un ardent petit livre La peur de peindre aux éditions Fario. Dans sa préface, Claude Louis-Combet écrit : « Nous aimons l’homme jusque dans son effacement. Nous aimons l’œuvre dans sa radicale pauvreté et son refus de tout effet. Nous devinons, chez l’un comme dans l’autre, l’étendue d’un miroir secret où projeter quelques brises essentielles de notre aventure interne, car nous aussi nous avons été épris de collines et les visages qui nous ont tourmentés ne nous ont pas fait défaut. »
A. C.