Jean Ristat (1943-2023)

 

 

Olivier Barbarant, 3 décembre : « J’ai, en ce noir dimanche de neige, la douleur d’avertir les amis de la mort de Jean Ristat. »

 

Il revient à d’autres de dire l’amitié, l’affection, la grandeur du poète et le chagrin causé par sa disparition. À Ent’revues, nous voulons saluer l’homme de revues qu’il fut, des revues comme partie intégrante de son œuvre.

 

Il y eut, bien sûr, Digraphe fondée en 1974 (et précédée d’une collection éponyme) pour s’interrompre en 2000 avec son 92e numéro. D’abord publiée par les éditions Galilée avec pour sous-titre « Théorie/Fiction », elle émigre successivement vers Flammarion, Temps actuels, Messidor, pour achever sa course au Mercure de France : elle adopte le sous-titre «  Section française des vigilants de Saint-Just ». Conjuguant littérature, essais, esthétique, philosophie, Digraphe incarna, pendant plus de vingt ans,  une part de notre modernité tout en se plaisant à revisiter les auteurs classiques. Sa longue histoire nomade aussi prestigieuse qu’accidentée reste à écrire.

 

 

En 1989, l’ami et héritier d’Aragon décida de ressusciter Les Lettres françaises, la fameuse publication créée sous l’Occupation, en 1942 et dirigée de 1953 à 1972 par l’auteur des Yeux d’ Elsa. Renaissance qui prit d’abord la forme d’un supplément à Digraphe, puis retrouva, pour un temps, une existence autonome, se fit ensuite supplément littéraire encarté dans les pages de L’Humanité avant de se muer en publication numérique puis de renaître enfin et depuis 2018 en format papier publié sous l’égide des éditions Helvétius. Jean Ristat meurt à quelques jours du bouclage du numéro décembre de la revue. Dans un communiqué, ses amis des Lettres françaises lui rendent un hommage vibrant  – « notre douleur est immense » – : ils rappellent son profond attachement au journal fondé par Jacques Decour et Jean Paulhan et sa volonté intacte de le développer  « afin qu’[il] reste un éveil dans le domaine culturel et du savoir ».