La mort du Canard

Ce simple message, sans fioriture aucune (ou presque aucune – allez, soyez indulgent, car c’est la dernière fois) pour vous informer que le Canard en Plastic dont vous n’avez pas eu de nouvelles depuis bien longtemps (ce qui suit expliquant ce qui précède…) a décidé de suspendre ses activités, de mettre la clef sous la porte, de déposer le bilan, bref : d’arrêter ses cancans.

Oui, c’est un peu triste, je vous l’accorde, mais sachez que la douloureuse décision a été mûrement réfléchie. En effet, ce n’est qu’après une dizaine de réunions autour de la grande table ovale et sous les lustres classieux de la salle des banquets du conseil de l’ASCPA (Association Supranationale des Canards en Plastic à l’Agonie), réunions nourries des débats aussi houleux qu’arrosés, d’hésitations terrifiantes, de querelles de clocher et des batailles d’école (notre légendaire éditorialiste Édith notamment, toujours dans ses états limites, était tout à fait contre cette décision scandaleuse qu’elle qualifia une nuit à trois heures du matin, ‘d’ignoble renoncement’ et de ‘trahison envers la cause’) que la conclusion qu’il fallait s’arrêter a fini par s’imposer.
Nous avons mis longtemps ensuite à nous décider à envoyer ce message, parce qu’il nous fait un peu mal au cœur malgré tout. C’est comme si, tant qu’il n’avait pas été envoyé, l’inconscient espoir d’un regain d’énergie pour un N° 5 avait encore une place, planqué quelque part au fond d’une de nos poches.

Mais au bout du compte pourquoi ? En résumé : parce que l’énergie à être toujours à la tache, à l’affût et à l’arrache commençait à manquer (ainsi que les moyens financiers, il faut bien en parler). Mais aussi parce que, l’idée de départ d’une tétralogie de Canards ayant été menée à bien, l’envie d’aller flirter avec d’autres horizons se faisait ressentir. En définitive parce qu’il est un temps pour tout.

Nous vous remercions, abonné(e)s ou lecteur(trice)s d’un jour, pour votre fidélité, votre œil critique, votre patience, pour vos encouragements et pour vos chèques (sans lesquels rien n’aurait été possible…). Nous vous remercions, auteur(e)s et artistes, pour vos textes et pour vos images, retenus ou non dans la revue. Nous vous remercions, libraires, pour votre soutien, pour votre accueil et pour votre énergie à faire votre métier. Nous vous remercions, ami(e)s, qui avez mis la main à la pâte d’une ou l’autre façon.

Bien à vous tous et à bientôt tout de même.

Yves [Leclere. Message électronique du 18 octobre 2010]