Amer, revue finissante, n° 9 ?

Amer, revue finissante, mais revue rebondissante, vient de s’offrir une dématérialisation comme d’autres s’offrent un lifting ou une nouvelle tenue. Et c’est pour « donner du corps au nu » que, paradoxalement, la revue s’est effacée pour ne plus tenir qu’en une clef plate de quatre giga où sont alignés les fichiers WAV qui laissent entendre l’intégralité de sa neuvième livraison*. (Il faut rappeler, puisque cela fait sens, que la huitième était consacrée au « Nu. Effeuillage littéraire ».) Comptez vingt-neuf pistes, soit six heures, quarante-huit minutes et cinquante-secondes de musiques, de lectures, de « bruits et silences assourdissants ». Comme à l’habitude, cette revue punk et cérébrale, vivante, tournée tout autant vers les anciens remuants que vers les turgescents de toute époque, provoque des rencontres entre Jean Rameau et Noël Herpe, Hélène Cattet, Bruno Forzani et Gabriel Régnault (du Chat noir), Ian Geay, Caroline Lemaire, Laurent Glaçon, Alain Galan, etc. Tout est « Frôlement de solitude et labyrinthe de désir », « riot porn littéraire », cartographie, chimère, « A poil ou le nu des bêtes », preuve manifeste qu’en Amer il s’en passe. La revue est par définition l’endroit où les flux doivent circuler, où les rencontres doivent se produire dans l’électricité ambiante. Trop de revues préfèrent la convention léchée, fût-elle lettrée, et gisent : Amer est une revue geyser, elle jaillit, incarnation native du principe de créativité. Nue et hors des clous.

*L’éditeur précise qu’une neuvième livraison « papier » est en préparation. Cet objet sonore constitue le premier numéro de Amer sonore, à retrouver ici.

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