L’Allume-feu continue de faire ses classes

Et de quatre (ou cinq si l’on compte dans le lot le numéro zéro) pour L’Allume-feu, la revue de l’association éponyme d’abord hébergée par La Générale et désormais au sein des Grands Voisins. Après l’insolence, le feu, le coup, la triche et en attendant, en février, le virage, cette livraison-ci a pour thème la classe. Elle s’ouvre sur un poème (du moins par la forme) qui commence ainsi : « Une chaleur d’entrailles couvait sur la ville / Quand le ciel ouvra son deuxième œil »… Aïe, aïe, aïe : « ouvra », vraiment ? C’est le genre de grossière étourderie à faire clamser un académicien poitrinaire… Bon, passons sur cette étourdissante entrée en matière. Le sommaire survolé, deux noms parmi une quinzaine en tout attirent logiquement l’attention : ici Jacques Jouet, là Gérard Mordillat… Leurs contributions ? Un peu décevantes. Puisque les têtes d’affiche ne sont visiblement pas les têtes de classe, tournons les pages de cette revue qui se présente, rappelons-le, sous la forme de feuillets A3 pliés et non brochés, traitement en bichromie. Lecture faite des quarante pages, d’autres contributeurs (dans le dossier) nous semblent plus inspirés : Carla Florentiny, avec un texte qui met en scène une situation de classe dans un futur que l’on devine proche, classe où l’on enseigne sur un mode nostalgique ce que nous sommes en train de laisser disparaître et s’éteindre, notamment la vie de la flore ; Raphaël Peirone, évoquant des migrants qui rêvent d’un Paris capitale des senteurs, alors que la violence de la mer à traverser pour atteindre les côtes de l’Europe les repousse sans cesse (en revanche, quel rapport avec la thématique ?!) ; ou encore Laure Samama, racontant comment l’expérience d’une classe de mer servira d’échappatoire à une gamine que son milieu familial oppresse. Pour le reste – on parle des cahiers libres –, on ne retiendra que le texte d’Asya Djoulait, une courte mais touchante histoire de transfusion (ou quand le sang vaut de l’argent). Quoique pêchant par moments par manque de maîtrise et/ou de maturité, le tout constitue une sympathique revue, à encourager en déboursant la modique somme de 7 euros*.

 

Anthony Dufraisse

 

Coordonnées de la revue

* Pas même le prix, dans le commerce, d’une botte de bûchettes résineuses ou d’un brûleur mobile à flamme bleue…