Ce n’est pas un chiffre rond : Vacarme 89

 

Ceci n’est pas à proprement parler un compte rendu. C’est un regret, un cri, un grand sourire, des remerciements.

 

Ceci s’écrit au troisième jour du confinement qui frappe la France, dans cette épidémie qui touche et affecte le monde entier, et sur laquelle la revue dont je veux parler aurait tant à dire. Et ce titre résonne avec le charivari de 20h00 à nos fenêtres, nos balcons, pour saluer ceux qui continuent à nous soigner, nous protéger, nous nourrir…

 

Alors, de la même façon que nous n’annonçons de nouvelle revue que dument éditée, une fin prévue nous laisse dubitatifs.

 

Vacarme est née de militances suscitées par l’épidémie de SIDA, l’inertie des pouvoirs publics face à l’urgence, des mouvements de soutien aux sans-papiers et s’est élargie à toutes les formes de critique mais aussi de propositions politique, sociale, artistique…, et d’engagement.

 

Vous retrouverez par ce lien le compte rendu que rédigea José M Ruiz-Funes pour La Revue des revues no 23, en 1997. Nous étions jeunes et fous. Vacarme faisait déjà un dossier sur « vieux : la minorité qui nous attend » avec des contributions signées Pierre Zaoui, Hubert Musse, Édouard Papet, Philippe Mangeot…, un autre sur « réfugiés : citoyens de l’exil » par Camille Maury & Enrica Sartory, Mathieu Potte-Bonneville, Monique Chemillier-Gendreau…, et puis aussi sur la création, la santé, la démocratie. Deux éditoriaux nous introduisaient dans le cœur des débats, signés Philippe Mesnard* et François Rosset.

 

Je prends le temps de nommer quelques participant•e•s (liste partielle) pour montrer que Vacarme a toujours été l’expression d’un collectif, par définition très mouvant, changeant à chaque livraison, et ne rendant pas simple nos rapports avec la revue, lorsqu’il s’agissait de changer une virgule dans la présentation d’un numéro au salon, par exemple. Et rien que pour décider de venir au salon, ce qu’ils ont fait fidèlement pendant toutes ces années, il fallait un plein accord du comité. Pardon, du collectif tout entier !

 

Alors, annoncer que ce no 89 sera le dernier, on y croit à peine. C’est un numéro entièrement consacré à Marseille. Marseille est un monde en soi mais pourquoi se contenter de cette vaste ville alors que l’on a le monde comme horizon ? Et finir sur 89, est-ce vraiment révolutionnaire ?

 

En tous les cas, les débats qui ont constitué la revue se prolongent, les réflexions et savoirs qu’ils ont suscités irriguent encore et sans doute pour longtemps (ou d’autant plus) nos vies.

 

Alors, à Vacarme, un tonnerre de vivats. Et un au revoir.

 

Yannick Kéravec

 

 

 

*Philippe Mesnard est aujourd’hui directeur de publication de Mémoires en jeu.